MICHELLE O’NEILL MARCHE POUR UN VRAI CHANGEMENT EN IRLANDE DU NORD

Women eLife ne pouvait attendre le 17 mars, date d’une fête chrétienne qui célèbre, Saint Patrick, le patron de l’Irlande, pour évoquer la nomination, samedi dernier, de Michelle O’Neill, au poste de Première ministre de l’Irlande du Nord.

Après 730 jours, sans gouvernement fonctionnel à Stormont Estate, le siège du pouvoir en Irlande du Nord, dépourvu d’exécutif et d’assemblée, les bâtiments du Parlement d’Irlande du Nord ont rouvert leurs portes en désignant cette femme de 47 ans, précédemment vice-présidente du Sinn Fein, parti favorable à l’unification de l’Irlande, première responsable politique à la tête du gouvernement nord-irlandais.

Son ascension a été remarquable. Catholique originaire d’un comté rural, elle a été mère à 16 ans et a souvent parlé de sa jeunesse difficile.
Aujourd’hui, reconnue comme une oratrice avisée, disposant d’une longue expérience politique, sa présence sur les réseaux sociaux la rend très populaire auprès des jeunes qui veulent des selfies.

Originaire d’une famille profondément républicaine, son père a été emprisonné pour appartenance à l’IRA pendant les troubles et a ensuite fait la transition vers la politique lorsqu’il est devenu législateur local du Sinn Fein.

Michelle O’Neill est parfaitement consciente que sa nomination en qualité de Première ministre d’Irlande du Nord constitue un « jour historique qui représente une nouvelle aube ».
Au regard de la période troublée qu’a traversé au XXe siècle l’Irlande du Nord, elle n’a d’ailleurs pas manqué de souligner : « Qu’un tel jour vienne un jour aurait été inimaginable pour la génération de mes parents et de mes grands-parents. »

Sa nomination constitue un moment charnière pour le nationalisme irlandais car elle met fin à la domination des syndicalistes pro-britanniques comme premiers ministres.

À l’assemblée, O’Neill a souligné qu’elle serait « une première ministre pour tous » – y compris les unionistes et les républicains, les protestants et les catholiques, ceux qui veulent une « Irlande unie » et ceux qui veulent rester « britanniques pour toujours ». Elle s’est d’ailleurs déclarée favorable favorable à un référendum sur cette question.

Elle s’est engagée à travailler avec les syndicalistes pour construire un avenir meilleur pour l’Irlande du Nord et à oeuvrer « sans relâche » pour améliorer le pays aux côtés de la députée DUP Emma Little-Pengelly, qui a été nommée vice-première ministre.

Selon elle, la restauration des institutions marque un « moment d’égalité et de progrès » et représente « Une nouvelle opportunité de travailler et de grandir ensemble », avant d’affirmer : « Convaincus que d’où que nous venions, quelles que soient nos aspirations, nous pouvons et devons construire notre avenir ensemble. »

L’historienne féministe Margaret Ward, basée à Belfast, a d’ailleurs déclaré que ce moment était « énorme en termes d’évolution du Sinn Fein », ainsi que pour l’évolution du gouvernement en Irlande du Nord.

Interrogée en 2022 par la BBC sur les violences de l’IRA pendant le conflit nord-irlandais qui a commencé en 1968 et s’est officiellement achevé en 1998, Michelle O’Neill a tenu à rappeler :
« Je ne pense pas qu’un Irlandais se soit jamais réveillé un matin en pensant que le conflit était une bonne idée, mais la guerre est arrivée en Irlande »

Toutefois, elle estime que si à l’époque il n’y avait pas d’alternative : « maintenant, fort heureusement, nous avons une alternative au conflit, et c’est l’Accord du Vendredi Saint ».

Samedi, dans son discours à l’assemblée, Michelle O’Neill a déclaré : « Je suis désolée pour toutes les vies perdues pendant le conflit. Sans exception », avant d’émettre le souhait qu’il soit désormais possible d’avancer ensemble.

Laisser un commentaire