ASMA AL-ASSAD L’AUTRE VISAGE DU POUVOIR SYRIEN

Aujourd’hui âgée de 47 ans, Asma Al-Assad qui a épousé Bashar en 2020, s’impose comme une figure incontournable du pouvoir syrien que beaucoup aimeraient voir condamné.

Lorsque le dictateur s’est rendu à Abou Dhabi le 19 mars, le caractère remarquable de son voyage a surtout été remarqué en raison de la présence à ses côtés de l’énigmatique première dame syrienne.

Et le charme de cette princesse qui est née et a grandi dans l’ouest de Londres, ne doit pas faire illusion, même si elle sait parfaitement en jouer.

Asma s’est en effet hissée à un niveau de pouvoir remarquable. Elle contrôle désormais certains des principaux leviers de l’économie syrienne en difficulté, à la fois en tant que décideuse politique et profiteuse, aidant à consolider l’emprise de la famille sur un pays en ruine sanglante.

Quoi qu’il en soit, le couple vit dans un loft de trois niveaux de Damas, dans le quartier nord de Muhajirin, avec leurs trois enfants.

En se présentant comme la mère de la nation, rayonnant de soins maternels alors qu’elle s’occupe des familles des militaires syriens, des enfants atteints de cancer et des survivants du tremblement de terre du 6 février, sa séduisante apparence ne doit tromper personne.

Ancienne banquière de JP Morgan, Asma siège à la tête du conseil économique secret du président, composé des proches acolytes et associés d’affaires du premier couple. Ses ONG ont aidé les Assad à construire un vaste réseau de patronage, tout en contrôlant où l’argent de l’aide internationale circule dans le pays.

Décrite par le magazine Vogue comme la « rose du désert », cette femme intelligente qui soulève d’épineuses questions, est pour beaucoup dans l’ offensive de charme d’une décennie visant à rendre une image de couple idéal dans la presse occidentale.

Asma est parvenue à susciter l’adoration publique au cœur des alaouites grâce à son travail caritatif. La bataille qu’elle a mènée contre le cancer du sein en 2018 a contribué à rapprocher les Assad et peu de temps après, avant que Bashar ne lui confie une partie du portefeuille économique de l’État syrien.

Ses exigences complexes ont forcé le régime à prendre des mesures drastiques qui ont cimenté l’emprise quasi totale de Bachar et d’Asma sur l’économie, grâce à l’appui d’hommes d’affaires et des personnes influentes au sein du régime.

Pourtant, la Syrie qui a connu bien des revers ces dernières années, se heurte à de nombreuses difficultés. Les pénuries généralisées de biens essentiels sont devenues la norme, le gouvernement ayant sacrifié ses liquidités pour financer les dépenses militaires, la masse salariale du secteur public et les biens subventionnés. Le régime est également profondément endetté envers la Russie et l’Iran. Par ailleurs, la crise financière au Liban, a anéanti les économies de nombreux Syriens. En décembre 2019, la monnaie avait perdu plus de 95 % de sa valeur d’avant-guerre par rapport au dollar, appauvrissant des pans entiers de la population.

L’argent collecté par des moyens peu orthodoxes contourne les comptes de perception des impôts et est plutôt envoyé à des fonds caritatifs ou à des comptes bancaires directement contrôlés par le palais présidentiel, qui, selon les personnes connaissant bien la pensée du régime, sont largement utilisés pour le patronage et l’enrichissement personnel des Assad.

Compte tenu de son expérience dans la finance, Asma a les coudés-es franches au sein du couple. Et selon un homme d’affaires syrien chevronné :« Elle est très influente sur Bashar »

L’une des clés dont dispose Asma pour conforter son pouvoir, est le Syria Trust, un réseau qui compte 14 filiales et programmes affiliés, dont une université, une initiative de microfinance et une branche du patrimoine culturel. Le Syria Trust fournit une aide juridique et un soutien psychosocial et gère des centres communautaires liés à l’ONU pour les personnes déplacées par la guerre. Mais le travail dans l’espace humanitaire aa alerté à plusieurs reprises les instances onusiennes.

Comme le souligne Jeune Afrique : « Dans les médias nationaux et étrangers, Asma promeut l’image d’un ménage de la bourgeoisie syrienne, vivant sans ostentation loin du palais présidentiel, uni et proche de ses enfants ».

En réalité, la mise en avant médiatique d’Asma el-Assad, et de l’image glamour du couple qu’elle forme avec son mari, est le fruit d’une habile stratégie de communication mise en œuvre par l’agence de relations publiques américaine Brown Lloyd James qui a pour objectif d’adoucir la vision de l’Occident envers la Syrie.

Alors que les ministres arabes des Affaires étrangères ont décidé, dimanche 7 mai au Caire, de réintégrer le régime syrien à la Ligue arabe après l’avoir écarté en 2011 suite à la répression d’un soulèvement populaire ayant dégénéré en guerre dévastatrice, la Syrie demeure un pays en dévasté où les droits de l’homme brillent par leur absence.

Mais le président syrien a cruellement besoin d’investisseurs pour s’atteler à l’énorme chantier de la reconstruction dans son pays. Car le récent séisme qui a touché la Turquie, a fait près de 6 000 morts en Syrie. À Alep notamment, les ravages du tremblement de terre ont succédé à ceux de la guerre.

Face à cette situation dramatique, Asma qui partage avec Bashar sa foi dans le régime en place, et a toujours cherché a s’afficher dans l’humanitaire, sera appelée à prodiguer ses conseils, voire concourir étroitement au pilotage des opérations, même si la méthode qui a jusqu’ici été la sienne n’est pas exempte de critiques.

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