FANAS DE FOOT ET ÉPRISES DE LIBERTÉ LES IRANIENNES PROCHES D’UN TIR AU BUT

Sous réserve que leur légitime mouvement revendicatif prenne de l’ampleur au cœur de la société iranienne, leur victoire sur le terrain politique n’a rien d’impossible.

Alors que l’équipe de football iranienne jouait son premier match de la Coupe du monde 2022 au Qatar, face а l’Angleterre, lundi 21 novembre, le fait que les onze joueurs iraniens soient restés muets lorsque l’hymne national iranien a retenti dans le stade, n’est pas le seul évènement à retentissement planétaire qui mérite d’être retenu.

L’Iran est en effet l’un de ces pays où le foot déclenche une passion populaire gigantesque, surtout autour des deux clubs phares, Esteqlal et Persépolis.
Les matchs déclenchent toujours des scènes de liesse dans les rues des grandes villes et villages.
Et ce qui s’est produit au tout début du mondial de football illustre à merveille la capacité que peut avoir le sport de dribler la doctrine dépassée du pouvoir en place et de marquer les esprits au niveau national et international.

Bien qu’interdites de stade depuis la révolution islamique en 1979, les mollahs jugeant que les femmes doivent être protégées de la vision du corps des hommes, ces dernières sont en Iran très nombreuses à être passionnées de foot.

Alors que les Iraniennes se montrent plus déterminée que jamais à affronter le pouvoir sur le terrain politique, notamment en brûlant leur hidjab et en se coupant les cheveux, avec leur slogan « Femme, Vie, Liberté », on se prend à imaginer possible une tout autre victoire sur fond de mobilisation de grande ampleur de la société iranienne.

Suivant l’expression consacrée en football, les tirs au but sont presque toujours utilisés dans les compétitions à élimination directe, afin de décider quelle sera l’équipe qualifiée pour le tour suivant ou celle qui remportera la compétition. Et les Iraniennes et Iraniens se trouvent visiblement à ce moment décisif.

Le sujet prend une dimension forte vu que le pays est secoué depuis trois mois de manifestations, menées par les femmes qui se heurtent à une violence policière et aux menaces récurrentes d’emprisonnement.
Depuis fin septembre, lors de leurs matchs de préparation de la Coupe du monde, les footballeurs iraniens, avaient déjà exprimé leur solidarité avec les manifestantes. Toutefois, cette image forte ne peut suffire pour que la révolution en marche en Iran, atteigne les objectifs qu’elle se fixe.

Bien que le slogan « Woman Life Freedom » arboré aussi bien par des femmes que des hommes, envoie un signal de déqualification des Mollahs, ces derniers sont prêts à user de toutes sortes de stratagèmes pour se maintenir au pouvoir.

Il appartient donc désormais aux manifestants de s’organiser et de disposer d’un profil de leader en mesure de rassembler celles et ceux qui aspirent à devenir les acteurs et actrices du nouvel Iran.
La partie n’est pas gagnée d’avance, mais on est en droit d’émettre l’espoir d’une possible victoire à venir.

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