LE VIEIL HOMME ET LA BELLE

Ce titre qui parodie celui du célèbre roman d’Hemingway : » Le Vieil Homme et la Mer « , permet d’illustrer un évènement survenu au premier jour du 50e Forum économique mondial de Davos.

Passer d’une pure fiction mettant aux prises un gros poisson et un pauvre vieux pêcheur à une séquence plaçant au devant de la scène une jeune militante de la lutte contre le réchauffement climatique et un vieux président climatosceptique peut apparaître déplacé.

Or, à y regarder de plus près, c’est bien dans les deux cas du combat de l’homme face à la nature dont il est question, sachant que cette dernière se pose avec acuité depuis quelques temps déjà à l’échelle internationale.

Dans le contexte actuel, le rôle du poisson à la fibre écologiste revient à Greta Thunberg, et celui du vieux « pêcheur » à Donald Trump, président des Etats-Unis.

Alors que la jeune Suédoise venait, une nouvelle fois, de dénoncer l’inaction des élites politiques et économiques dont les beaux discours pour le climat ne se traduisent pas en actes, le président américain a pour sa part blâmé les « prophètes de malheur » du climat, condamné les « prédictions d’apocalypse » de certains qui ne sont autres que des scientifiques. Donald Trump n’a que faire de ces héritiers des diseurs de bonne aventure de l’ancien temps.

En campagne pour sa réélection, en novembre prochain, et à quelques heures de l’ouverture de son procès en destitution à Washington, il sait jouer gros. D’où son discours dans lequel il a voulu avant tout vanter ses performances, qu’il s’agisse de croissance économiques et de créations d’emplois aux Etats-Unis, soulignant au passage l’abondante production d’hydrocarbures et l’indépendance énergétique du pays.
A aucun moment il n’a évoqué les énergies renouvelables.

Quoi qu’il en soit, une prise de conscience se dessine dans bien des pays. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne a confirmé les ambitions climatiques de l’UE, l’objectif consistant à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.

Que décideront les chefs d’Etat et de gouvernement lors du Forum économique mondial ? De quel côté pencheront les décideurs économiques présents à Davos en termes de climat ?

Car on est en droit de se montrer inquiet. Une récente enquête du cabinet PwC auprès de presque 1 600 patrons, montre que le changement climatique ne figure même pas parmi les dix principales préoccupations pour l’économie mondiale pour 2020. Pourtant, nombreux sont les grands groupes notamment français mais aussi étrangers qui affichent des promesses vertes.

De plus, selon un rapport de Greenpeace publié mardi, dix banques régulièrement présentes à Davos ont à elles seules financé entre 2015 et 2018 le secteur des énergies fossiles à hauteur de 1 000 milliards de dollars.

Pour conclure et revenir sur le roman d’Hemigway, on ne peut que souhaiter que Greta Thunberg ne se fasse pas dévorer par des requins. On se doit aussi d’espérer que le vieux pêcheur à la tête de la première puissance économique mondiale, finisse par comprendre en quoi un moteur de développement durable peut assurer un avenir prospère pour l’humanité.

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