Pour la première fois en 200 ans d’existence de la république, l’élection de la première femme présidente du Mexique constitue un véritable évènement !

Bien qu’une chronique intitulée : « Mexico,Mexico Oh Oh » reprise en intégralité dans la dernière édition de l’ouvrage « Histoire de Femmes 2023» paru aux Éditions Muse, se soit intéressée à la campagne de cette élection présidentielle qui mettait en compétition deux femmes, c’est avec plaisir que Women eLife a appris, dans la nuit, l’éclatante victoire de Claudia Sheinbaum.

Cette ancienne maire de Mexico, âgée de 61 ans, devient la première femme présidente du Mexique, avec un score entre 58,3 % et 60,7 % des voix, selon un décompte rapide réalisé par les autorités électorales mexicaines.

La candidate de l’opposition Xóchitl Gálvez qui a reconnu sa défaite a remporté 26,6% et 28,6% des voix. Jorge Álvarez Máynez, le candidat du mouvement centriste Movimiento Ciudadano, est pour sa part arrivé troisième avec au moins 9,9 % des votes.

Saluée et applaudie par la foule en liesse sur la place Zocalo à Mexico, Claudia Sheinbaum a tout de suite donné le ton de son mandat à la tête du pays en déclarant : « Nous imaginons un Mexique pluriel, diversifié et démocratique. Notre devoir est et sera toujours de prendre soin de chaque Mexicain, sans distinction. »

La victoire de Sheinbaum, scientifique et climatologue de gauche, qui est également la première personne d’origine juive à diriger le pays, représente une étape majeure pour le Mexique, connu pour sa culture machiste qui abrite la deuxième plus grande population catholique au monde. Ce pays est aussi celui qui a défendu pendant des années des valeurs et des rôles plus traditionnels pour les femmes.

Dans le cadre de son programme, la nouvelle présidente du Mexique s’est engagée à poursuivre les politiques de López Obrador et à maintenir les programmes sociaux de Morena, notamment en matière d’aides aux personnes âgées et aux mères célibataires. Elle a également confirmé vouloir soutenir les projets d’infrastructures phares dans des régions historiquement pauvres, mais aussi accroître massivement le rôle de l’armée dans des domaines généralement réservés à la société civile, comme la sécurité intérieure.

La coalition au pouvoir dirigée par le parti Morena de Sheinbaum devrait obtenir une majorité qualifiée des deux tiers dans les deux chambres du Congrès, ce qui permettrait à la coalition d’adopter des réformes constitutionnelles sans le soutien de l’opposition.

Quoi qu’il en soit, l’élection de la première femme à la tête du Mexique, constitue une belle démonstration de démocratie et d’ouverture, à quelques jours des élections européennes.

Environ 100 millions de Mexicains et Mexicaines étaient inscrits sur les listes électorales dimanche, et d’immenses files d’attente ont pu être observées devant les bureaux de vote sous une chaleur étouffante.

Mais, Claudia Sheinbaum trouvera aussi au cours de son mandat de présidente quelques dossiers délicats voire brûlants.

Sur le plan intérieur, au Mexique où dix femmes sont tuées chaque jour, les féministes attendent des mesures concrètes.

Concernant la politique étrangère, force est de constater des négociations tendues avec la Maison Blanche sur les flux massifs de migrants à destination des États-Unis traversant le Mexique et sur la coopération en matière de sécurité dans le domaine du trafic de drogue, à un moment où l’épidémie de fentanyl aux États-Unis fait rage.

Par ailleurs, personne n’est dupe concernant le durcissement des relations si la présidence américaine venait à être remportée par Donald Trump en novembre.
Surtout lorsqu’on sait que ce dernier s’est engagé à imposer des droits de douane de 100 % sur les voitures chinoises fabriquées au Mexique et a déclaré qu’il mobiliserait des forces spéciales pour lutter contre les cartels.

En attendant, à l’issue de cette élection présidentielle, le Mexique s’offre un authentique et historique nouveau souffle qu’il appartiendra à Claudia Sheinbaum de défendre au mieux pour ses 130 millions d’habitants.