POUR UNE LIBÉRATION DE MANAHEL AL-OTAIBI EN ARABIE SAOUDITE

Démonstration est apportée à travers plusieurs exemples, que le discours des autorités saoudiennes sur la réforme et l’autonomisation des femmes, s’avère inopérante.

L’arrestation et la condamnation en vertu des lois antiterroristes, de Manahel al-Otaibi, à 11 ans de prison, pour « soutien » aux droits des femmes, en est la parfaite illustration.

Surtout lorsqu’on sait que cette jeune militante a été une fervente partisane des « changements radicaux » annoncés par le prince héritier Mohammed ben Salmane, qui comprenaient entres autres l’assouplissement du code vestimentaire pour les femmes.

Dans une interview accordée à la BBC en 2019, elle avait d’ailleurs réjoui de se sentir libre d’exprimer ses opinions et de porter ce qui lui plaît grâce aux déclarations du prince.

Or, force est de constater que Al-Otaibi, une coach de fitness certifiée et artiste, qui faisait fréquemment la promotion de l’autonomisation des femmes sur ses comptes de réseaux sociaux, a été arrêtée en novembre 2022.

Après avoir été détenue à l’isolement pendant cinq mois jusqu’en avril 2024, Manahel al-Otaibi, a finalement été accusée d’« infractions terroristes » lors d’une audience secrète, le 9 janvier dernier.

La loi antiterroriste saoudienne criminalise en effet l’utilisation des médias sociaux accusés de diffuser ou publier « des informations, des déclarations, des rumeurs fausses ou malveillantes, ou autres, pour commettre un crime terroriste ». Et c’est dans une réponse aux rapporteurs spéciaux de l’ONU sur son cas, alors même que sa famille n’a toujours pas accès à ses documents judiciaires ni aux preuves présentées contre elle, que sa condamnation a été révélée fin janvier.

Reconnue coupable d’avoir publié des vidéos sur Instagram, Twitter et Snapchat appelant à la fin du système de tutelle masculine en Arabie Saoudite, et d’avoir dénoncé que les femmes doivent demander la permission des hommes pour voyager, se marier et vivre, son emprisonnement est aussi absurde que contradictoire.

Car, elle a également été inculpée pour avoir publié des vidéos d’elle portant des « vêtements indécents » et « allant dans les magasins sans porter d’abaya ».
Sa sœur Fawzia al Otaibi qui a fait face à des accusations similaires, a pour sa part fui l’Arabie saoudite craignant d’être arrêtée après avoir été convoquée pour un interrogatoire en 2022.

Quoi qu’il en soit, le cas de Manahel al-Otaibi, fait suite à une série d’affaires similaires dans lesquelles des femmes saoudiennes, en particulier, ont été soumises à des peines draconiennes pour avoir utilisé des comptes de réseaux sociaux pour s’exprimer.
Parmi elles figurent Salma al-Shehab, condamnée à 27 ans, Fatima al-Shawarbi, condamnée à 30 ans, Sukaynah al-Aithan, condamnée à 40 ans, et Nourah al-Qahtani, condamnée à 45 ans.

Amnesty International et ALQST, un groupe de défense des droits, ont appelé les autorités saoudiennes à libérer immédiatement et sans condition al-Otaibi et ont souligné que son emprisonnement « contredit directement le discours des autorités sur la réforme et l’autonomisation des femmes ».

Sa condamnation à 11 ans de prison par un tribunal antiterroriste qui fait suite à son arrestation pour « son choix vestimentaire et son soutien aux droits des femmes » est en rupture totale avec les engagements du prince héritier. Pourtant, Mohammed ben Salmane n’a que 38 ans, et semble désireux de moderniser l’Arabie Saoudite, qui se projette vers l’avenir à travers de nombreux projets innovants et organisera les jeux asiatiques d’hiver en 2029.

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