QUAND GOOGLE SE TRANSFORME EN MOTEUR D’ARNAQUES À L’AVORTEMENT AUX ÉTATS-UNIS

Le fait que Google vous suive à la trace lorsque vous utilisez son fabuleux moteur de recherche, n’est pas réellement surprenant.

Aux États-Unis comme dans la plupart des pays du globe, les internautes avalent beaucoup de cookies et autres données personnelles qui contrairement à ce quon peut être tenté de croire, ne sont pas des gâteaux mais des renifleurs.

Vous avez d’ailleurs pu constater par vous même le phénomène: les publicités qui s’affichent lors de vos consultations correspondent assez, voire très fidèlement à vos investigations et goûts.
Autrement dit, Google vous suit de près !

Si vous avez l’âme voyageuse, ledit moteur saura glisser quelques publicités opportunes lors de vos consultations internet. Il en sera de même si vous êtes branchées nouvelles technologies, mode, sports, etc.

Mais ce qui conduit à s’interroger sur les pouvoirs de Google, c’est lorsqu’une enquête menée aux Etats-Unis par les chercheurs du Tech Transparency Project, touche à un sujet sensible pour les femmes: l’avortement.

Ces derniers ont en effet mis en évidence le rôle joué par ce moteur de recherche lorsque des femmes l’utilisent pour trouver des services spécialisés dans ce domaine, des annonces publicitaires venant se glisser en guides.

L’affaire dont il est question témoigne des capacités redoutables qu’à cet outil, au demeurant fort utile et performant.

Toutefois, l’étude tend à démontrer que les profils de celles et ceux qui procèdent à des recherches en utilisant ce moteur de recherche, n’ont rien de confidentiel.

Car les entreprises qui achètent des publicités sur Google, sont en mesure de cibler les groupes qu’elles souhaitent atteindre, y compris en fonction de leurs revenus.

L’étude menée dans certains États, par Tech Transparency Project, montre que les femmes à faible revenu de certaines villes sont plus susceptibles que leurs homologues plus riches d’être ciblées par les publicités Google faisant la promotion de centres de grossesse de crise anti-avortement.

Or ces centres dits de crise sont des organisations connues pour se faire passer pour des cliniques d’avortement dans le but d’empêcher les femmes d’accéder à des soins d’avortement.
En Arizona et en Floride, l’avortement est interdit après 15 semaines de grossesse. En Géorgie, il est interdit après six semaines, moment auquel de nombreuses personnes ne savent pas qu’elles sont enceintes.

Pour réaliser leur enquête, les chercheurs ont mis en place des comptes de test dans trois villes – Atlanta, Miami et Phoenix – pour les femmes de trois groupes de revenus différents suggérés par Google : taux de revenu moyen ou faible, taux de revenu modérément élevé et taux de revenu élevé.

Ils ont ensuite saisi des termes de recherche tels que « clinique d’avortement près de chez moi » et « je veux un avortement ».

Résultat, à Phoenix, 56 % des annonces de recherche diffusées sur les comptes de test représentant des femmes à revenu faible à modéré concernaient des centres de crise, contre 41 % de celles diffusées sur des comptes de test à revenu modérément élevé et 7 % sur des comptes à revenu élevé.
À Atlanta, 42 % des annonces présentées au groupe à faible revenu concernaient des centres de grossesse en cas de crise, contre 18 % pour les femmes à revenu modérément élevé et 29 % pour les femmes à revenu élevé.

Il est vrai qu’un autre facteur important explique que les femmes procèdent à leurs recherches en la matière via internet.
Les femmes à faible revenu sont en effet moins susceptibles de pouvoir se déplacer pour des soins d’avortement.
En cause, des déplacements qui peuvent coûter des milliers de dollars en frais de travail perdu, de transport, de garde d’enfants et d’hébergement.
Or les centres de grossesse anti-avortement qui apparaissent trompent les patientes.

« C’est un risque pour la santé publique »: déclare une infirmière.

Le problème a été jugé suffisamment grave pour qu’en 2022, le sénateur Mark Warner de Virginie et la représentante Elissa Slotkin du Michigan interviennent à plusieurs reprises auprès de Google.

Leurs requêtes visaient à ce que soit corrigée la façon dont les centres de crise apparaissent dans les résultats de recherche et les publicités. Il était également demandé qu’un résultat de recherche fasse clairement apparaître si l’organisation propose des avortements ou non.

En dépit de leurs démarches, les chercheurs de l’étude ont découvert un certain nombre d’annonces toujours diffusées, suggérant que les centres proposent des soins d’avortement alors qu’ils ne le font pas.

« Le Michigan compte environ 100 centres de crise de grossesse qui ne proposent explicitement pas d’avortements, et ces cliniques ne devraient pas être répertoriées parmi les prestataires d’avortement », a déclaré Elissa Slotkin.

Ces informations venues des États-Unis doivent inciter chez nous, femmes hommes, mais aussi jeunes, en quête de remèdes miracles, à la plus grande prudence concernant les annonces publicitaires vantant les mérites de techniques de soin plus révolutionnaires les unes que les autres : une question de santé publique !

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