À DEAUVILLE COMME À VENISE FICTION ET DOCUMENTAIRE ONT DÉVOILÉ TALENTS ET VÉRITÉS

Philippe Augier, maire de Deauville, qui s’exprimait sur France Bleu Normandie lors du Festival du cinéma américain, dont la 48e édition s’est tenue dernièrement dans sa ville, a témoigné de sa juste vision d’une tendance de fond concernant notamment l’apport des nouveaux talents du 7e art, mais aussi celui des films documentaires en déclarant :

« Il faut vivre avec son temps, et c’est comme ça que le festival pourra évoluer en fonction. On a franchi les étapes avec les documentaires par exemple, notamment des signatures absolument extraordinaires. On peut citer Michael Moore, Oliver Stone et bien d’autres. Le jour où on a passé le cap des documentaires, on se demandait comment ça allait être reçu. Aujourd’hui, les gens ont envie de documentaires, mais ils ont aussi envie d’un cinéma indépendant. «

Alors que le Festival du cinéma américain, où treize films étaient en compétition, dont 8 premiers films, battait son plein et que la 79e édition de la Mostra de Venise, se déroulait simultanément, les palmarès de chacun d’eux ont confirmé l’impact de premiers films ainsi que celui du documentaire.

En matière de révélations au Festival de Deauville, le Grand Prix a été remis à « Aftersun ». Ce premier long métrage de Charlotte Wells, plonge spectateurs et spectatrices dans les vacances que partagent Sophie, 11 ans, et son père de 30 ans, Calum, dans un club de la côte turque.

Le Prix du Jury a pour sa part été décerné au premier film de Jamie Dack « Palm Trees and Power Lines » qui raconte l’histoire violente et bouleversante d’une adolescente appelée Léa, incarnée par Lily McInerny, victime d’un prédateur sexuel au charme ravageur.

Quant à la 79e édition de la Mostra de Venise 2022, elle a pour sa part confirmé les propos de Philippe Augier concernant l’impact des films documentaires.
« All the Beauty and the Bloodshed », un documentaire sur la photographe américaine Nan Goldin et son combat contre la riche famille Sackler, a remporté samedi le Lion d’or au Festival du film de Venise.

Réalisé par la journaliste d’investigation Laura Poitras, le film mêle l’histoire remarquable de la vie de Goldin à sa campagne pour tenir les Sackler et leur entreprise pharmaceutique responsables de la crise des opioïdes aux États-Unis.

Ce n’est que la deuxième fois en 79 ans d’histoire du festival du film, souvent considéré comme une rampe de lancement pour les candidats aux Oscars, que le prix principal est décerné à un documentaire.

« All the Beauty and the Bloodshed » a battu une série de rivaux plus en vue, y compris un quatuor de films du géant américain du streaming Netflix et des drames européens bien pensés.

Le documentaire s’inspire de nombreuses images prises par la photographe américaine Nancy Goldin dont le diaporama « The Ballad of Sexual Dependency », a documenté les sous-cultures new-yorkaises de 1979 à 1986.

Nan Goldin reconnaît que sa carrière a presque pris fin en 2014 lorsqu’elle est devenue accro à l’analgésique OxyContin, fabriqué par Purdue Pharma de Sackler, qui lui a été administré après une opération.

Purdue Pharma aurait minimisé les risques de dépendance à l’OxyContin, contribuant à alimenter une crise sanitaire qui a fait plus de 500 000 décès par surdose d’opioïdes sur deux décennies, avant de finalement déposer son bilan en 2019.

Les Sackler ont nié les actes répréhensibles, mais ont déclaré en mars qu’ils « regrettaient sincèrement » qu’OxyContin « soit devenu de manière inattendue une partie d’une crise des opioïdes.

Mais Nan Goldin a dû mener une bataille pendant plusieurs années pour que les musées cessent d’utiliser l’argent de cette famille, affirmant qu’ils ne devraient pas être autorisés à acheter la respectabilité par le biais d’une « philanthropie toxique ».

« J’ai connu beaucoup de gens courageux dans ma vie, mais je n’ai jamais rencontré quelqu’un comme Nan, quelqu’un qui a eu le courage d’affronter la famille milliardaire Sackler », a déclaré la réalisatrice Laura Poitras en se voyant remettre le Lion d’or.
D’où le succès mérité de son film documentaire dont un extrait figure ci-dessous.

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