AU CHILI LE VOTE DES FEMMES S’ANNONCE DÉTERMINANT

Alors que José Antonio Kast, candidat d’extrême droite, arrivé en tête du premier tour au Chili, doit affronter le candidat de gauche, Gabriel Boric, le 19 décembre, le vote des femmes pèsera lourd dans la balance.

Les Chiliennes représentent 51 % de l’électorat chilien.

En 1988, la participation des femmes a été extrêmement importante dans le vote contre le régime de Pinochet, et nombreuses sont celles qui espèrent que cette fois, l’histoire se répète.

En 2018, 5,8 % des femmes chiliennes ont signalé des violences domestiques sexuelles et/ou physiques au cours des 12 mois précédents. C’est la raison pour laquelle ONU Femmes a appelé le Chili à s’attaquer aux inégalités de genre prévalentes, notamment la faible représentation politique des femmes au parlement, ainsi qu’aux menaces de violence.

Dans le cadre de sa campagne, José Antonio Kast s’est engagé à endiguer la violence domestique en infligeant des peines plus sévères aux auteurs de ces actes.

Après avoir annoncé qu’il prévoyait de supprimer l’actuel ministère des femmes, qui a été créé en 2017 pour éradiquer les inégalités entre les sexes et éliminer la violence, et de le fusionner avec le ministère du Développement social, il est cependant revenu sur cette décision qui figurait dans son programme présidentiel.

Afin d’attirer le soutien des électrices, il a finalement déclaré qu’il ne supprimerait pas le ministère des femmes « nommément », mais il ne s’est pas rétracté de son projet de réduire les effectifs et de le fusionner avec un autre ministère.

Entre le candidat de gauche, Gabriel Boric et José Antonio Kast, candidat d’extrême droite, le cœur des Chiliennes balance de plus en plus de femmes craignant qu’un gouvernement Kast ne paralyse leurs demandes de justice et n’exacerbe la violence qui a tué leurs filles.

Une position qui s’explique lorsqu’on sait qu’au cours de ses 16 années à la Chambre des députés, ce dernier a voté à plusieurs reprises contre les lois sur l’égalité des sexes et les droits des femmes. Il a également réitéré ses convictions en faveur d’une cellule familiale patriarcale et des valeurs familiales catholiques, ce qui a été qualifié de misogyne et de rétrograde par les militants des droits des femmes.

Son programme prévoit d’offrir des subventions aux familles hétérosexuelles avec enfants – à l’exclusion des mères célibataires et des couples homosexuels – et d’interdire l’avortement en toutes circonstances, annulant une règle actuelle qui permet aux femmes d’accéder à l’avortement en cas de viol, de danger pour la vie de la mère ou si le fœtus ne survivra pas.

Au Chili, alors que les Mapuches de la génération Z ont manifesté contre les brutalités policières, plusieurs mères tenant des banderoles pour dénoncer la violence domestique portaient une effigie du visage du candidat présidentiel d’extrême droite, José Antonio Kast.

Toutefois, ce dernier a rejeté les accusations de misogynie en déclarant dans une émission de radio : « Je suis le fils, le mari et le père de femmes formidables », « Je travaillerai sans relâche pour que toutes les femmes vivent dans la liberté et la tranquillité ».

Face à l’importance que revêt le vote des femmes au Chili, les programmes et arguments des deux candidats à la présidentielle seront pour beaucoup dans le résultat du second tour, le 19 décembre prochain.

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