ENTRE ESPOIR ET MISÈRE : L’AFRIQUE AUX DEUX VISAGES

Lorsqu’on suit Women In Africa « WIA », une fondation qui a été créée par Aude de Thuin, française, qui s’emploie à accompagner et valoriser les idées, projets et actions de femmes africaines dans de multiples domaines, un sentiment d’espoir et de confiance en l’avenir se dessine sur ce continent fort de 54 pays et de 1,308 milliard d’habitants.

D’autant que les démarches entrepreneuriales de ces femmes touchent tout ce qui constitue indéniablement des pistes de développement durable sur le plan économique, social et environnemental.
L’occasion de rappeler que le tissu entrepreneurial féminin en Afrique dont Women e Life s’est déjà fait l’écho, est l’un des plus dynamiques au monde avec 24 % de femmes entrepreneures.

Toutefois, l’optimisme dont on se doit de faire preuve concernant les initiatives de femmes africaines, toutes générations confondues, ne peut masquer un certain nombre de réalités plus préoccupantes.

C’est d’ailleurs ce qui donne tout son sens à l’appel lancé par l’ONG Plan International France montrant que les files du Sahel vivent dans la peur.

Plusieurs facteurs expliquent l’angoisse manifestée par ces dernières.

Depuis 3 ans, le nombre de fermetures d’écoles au Sahel a été multiplié par 7 en raison d’ attaques armées contre l’éducation, d’enlèvements, d’incendies criminels, de pillages, de menaces et de meurtres d’ enseignants.
En 2020, plus de 4 000 écoles ont fermé au Sahel central.

Dans leurs témoignages, les adolescentes soulignent que ce n’est pas seulement le conflit, la pauvreté et l’insécurité qui ont un impact sur leur scolarité : c’est aussi la persistance de
stéréotypes de genre.

Dès la puberté, elles doivent rester à la maison sous le contrôle d’un membre de la famille afin de les empêcher de fréquenter des garçons.
De plus, elles sont souvent données en mariage dès l’âge de 13 ou 14 ans.
Au Niger, 89 % des filles sont mariées, ce qui représente le taux le plus élevé au monde.
Au Burkina Faso, 1 fille sur 2 se retrouve mariée avant ses 18 ans et 1 fille sur 10 avant ses 15 ans.
Au Mali, 50 % des femmes de 20 à 24 ans se sont mariées avant leurs 18 ans, 18 % ayant été contraintes avant l’âge de 15 ans.

De plus, la pauvreté oblige les filles et les adolescentes à quitter leur village pour trouver un emploi comme travailleuses domestiques en ville. Plus d’1/3 des filles au
Mali (37 %) et au Burkina Faso (34,4 %) déclarent travailler pour gagner juste de quoi survivre dans un contexte où les risques d’attaques terroristes perturbent
les marchés locaux et les empêchent de maintenir leur petit commerce.

En dehors de la situation que connaissent les femmes, on estime aujourd’hui que plus de 1 million d’enfants ont été déplacés de force et vivent traumatisés par les
actes de violence auxquels ils/elles ont assisté.
Aicha 19 ans à Bomborokuy, au nord-ouest du Burkina Faso, près de la frontière malienne déclare : « J’ai peur la nuit parce qu’il y a des djihadistes. Si je sors, j’ai peur d’en rencontrer un et qu’il me tue »

21 % des filles témoignent également endurer des comportements agressifs et des insultes répétées lorsqu’elles parcourent de longues distances pour chercher de l’eau. Que vouloir se procurer des aliments devient impossible face au danger de se rendre dans les champs ou au marché.

Dans ce contexte de crise, le risque de violences fondées sur le genre, telles que les mariages forcés, le viol conjugal, la violence physique et sexuelle ou l’exploitation sexuelle, augmente. Les hommes armés et l’insécurité omniprésente compliquent leur accès aux besoins essentiels.

Au centre du Sahel, dans la région des « trois frontières » (Niger, Burkina Faso, Mali), les familles vivent au quotidien une situation dramatique : les attaques de groupes insurgés, les inondations et la pandémie de Covid-19, forcent des millions de personnes, et plus particulièrement les femmes et les enfants à fuir.

En moins de 2 ans, le nombre de déplacements internes a été multiplié par 20. On estime que 6 millions de personnes supplémentaires ont basculé dans l’extrême pauvreté en raison des confinements liés à la pandémie.

Women e Life qui a parfaitement conscience de l’impact du COVID-19 sur les conditions de vie dans les pays développés, a néanmoins jugé indispensable de relayer l’alerte lancée par l’ONG Plan International.

L’objectif consiste à demander aux gouvernements que l’accent soit mis sur la protection de tous les enfants, en particulier les filles pour que tous puissent avoir accès à une éducation sûre, de qualité, et aux tout aussi indispensables services de santé de base.

Laisser un commentaire