Alors que le coronavirus semble nettement marquer le pas en Europe de l’Ouest, cette impressionnante image d’une langue rougeâtre envahissant un espace naturel fragile de la Sibérie occidentale ne peut laisser indifférent, d’autres prises par satellite montrant notamment des taches noires sur la rivière Ambarnaya.

En marge de la crise sanitaire liée à la COVID-19 qui sévit également en Russie, ces dernières illustrent les menaces que fait planer une crise cette fois écologique.

Le 29 mai, l’effondrement d’un réservoir de gasoil d’une centrale thermique à une dizaine de kilomètres de Norilsk, une ville industrielle du kraï de Krasnoïarsk située au nord du cercle polaire arctique, a provoqué le déversement de 21.000 tonnes de carburant et entraîné la pollution d’une zone de quelque 100.000 mètres carrés comprenant plusieurs rivières et un lac.

Si les premiers rapports indiquent que l’incident a été causé par une défaillance structurelle des fondations du réservoir utilisé depuis plus de 30 ans, une autre raison officiellement évoquée doit être retenue.

En contribuant au dégel du pergélisol ou permafrost, le réchauffement climatique a rendu des sols gelés depuis des millénaires moins solides qu’ils ne l’étaient lors de la construction de la structure, provoquant du même coup son effondrement.

Cette seconde hypothèse que de nombreux facteurs permettent de valider, apporte la démonstration des conséquences préoccupantes du changement climatique. D’autant que les dommages causés à l’environnement seront durables, les organisations environnementales prévoyant qu’il faudra des années pour les réparer.

De plus, on sait que le dégel de ces territoires pourrait à terme libérer de nombreux virus inconnus, endormais par le froid et prisonniers de la glace.

Crise sanitaire et crise écologique apparaissent donc bel et bien pouvoir jouer de concert. De quoi justifier des décisions et actions de grande ampleur de la part des Etats pour relever l’un des défis majeurs auxquels l’humanité se trouve confrontée.