RIVALITES FEMININES

L’attention portée par Women e Life à ce sujet tabou, s’explique en partie en raison de la campagne électorale qui se déroule actuellement à Paris en vue du second tour des municipales, dans ce qu’il est convenu d’appeler un climat relativement serein.

La capitale voit en effet s’affronter à fleurets mouchetés trois candidates dont les déclarations et petites phrases, scrutées à la loupe par les administrés de la cité, témoignent nonobstant les divergences d’opinions et de programmes un respect mutuel.

Il est vrai que Anne Hidalgo, élue première femme maire de Paris en 2014, dispose d’un crédit non négligeable en raison de son charisme et expérience. Quant à Rachida Dati, candidate des Républicains dont on connaît le franc parler comme Agnès Buzyn, LREM, toutes deux savent jouer dans le registre de la modération et de la bienscéance, même si parfois le ton monte d’un cran.

La rivalité féminine dont il est question apporte tout d’abord la démonstration que l’esprit de compétition n’est pas seulement l’une des caractéristiques des rapports entre hommes ou encore entre hommes et femmes.

Alors où est le problème ?

Il vient des témoignages de femmes victimes des agissements d’autres femmes au sein d’entreprises qui mettent en évidence des prises de bec au bureau, les médisances et crêpages de chignon … sans oublier jalousies, harcèlements, tâches ingrates, rumeurs, diffamations…. Tout y passe.

D’où le résultat d’un sondage à faire blêmir les féministes, dans lequel 88 % des femmes déclarent préférer travailler pour un homme.

Car la rivalité féminine au travail, n’est pas un mythe, mais une réalité bien ancrée.
Eternelles rivales sur bien des terrains, nombreuses sont celles qui ignorent jusqu’au concept de fraternité…

Un phénomène que tente de décoder des études et notamment celle de la psychothérapeute Sarah Serievic qui suggère quelques pistes destinées à encourager les femmes aà faire preuve de davantage de solidarité.

Il est vrai que certaines enquêtes dont il est peu fait écho témoignent d’un authentique malaise.

L’univers du travail, surtout lorsqu’il est à dominante féminine, est décrit comme un enfer de complots, de bassesses hypocrites, de coups par en dessous. Dès que l’on parle à des femmes, les témoignages d’avanies abondent.

Pour expliquer le phénomène Annik Houel, professeure de psychologie sociale à Lyon 2 a sa théorie : «Ce qui se joue avec une femme cheffe, c’est le rapport à l’autorité maternelle. Dans le monde du travail, beaucoup de femmes rejettent la femme cheffe qui réactive la figure archaïque de la mère toute-puissante. Elles acceptent d’un supérieur hiérarchique mâle ce qu’elles ne supportent pas d’une supérieure. »
A tel point que ces dernières se déclarent prêtes à “se réfugier” auprès d’un collègue masculin parce que c’est plus simple.

L’opinion selon laquelle la relation mère-fille est la matrice de toutes les rivalités est également partagée par la psychanalyste Catherine Vanier qui estime qu’il n’est pas étonnant qu’elles voient leurs collègues comme des concurrentes prêtes à leur chiper le poste à la moindre défaillance, et s’en méfient.

Si rien ne permet d’affirmer que la rivalité féminine au travail est plus forte ou moins forte que celle des hommes, chez les femmes la certitude que l’autre est forcément une rivale s’avère préjudiciable.
Heureusement, une prise de conscience du caractère destructeur de cette misogynie, souvent inconsciente se manifeste de plus en plus.

Comme l’ont prouvé le mouvement #metoo concernant le harcèlement sexuel au travail, ou Femmes Solidaires, les femmes sont également capables de s’unir pour défendre de justes causes.

Une solidarité féminine qu’on retrouve dans la création de réseaux professionnels féminins qui à l’instar de Femmes & Challenges apportent des solutions pertinentes.

Au sein de ces réseaux, les femmes s’entraident.
Des dirigeantes acceptent la fonction de  »role model » (modèle identitaire ») pour les femmes de leurs équipes: tutorat, mentoring, ateliers professionnels sur les techniques de communication et de négociation, réflexions sur l’articulation des temps de vie pro et perso, etc.
Et là encore, beaucoup de pistes sont explorées par les femmes entre elles et de façon solidaire pour améliorer leur situation dans un environnement qui ne leur est pas favorable.

Le monde du travail valorise aussi de plus en plus ce qui est perçu comme un « management féminin », plus collaboratif et moins coercitif, mais aussi au final plus productif et rentable pour l’entreprise.

L’acceptation des valeurs et des qualités considérées comme féminines dans le monde du travail se confirme.

Bien que les inégalités persistent et que les hommes détiennent 80% des postes de cadres et de dirigeants, les femmes s’émancipent de plus en plus et font une incursion remarquée dans les hautes sphères du monde du travail. Vie professionnelle et vie familiale deviennent compatibles.
Cette analyse démontre que le mélange des genres  contribue à un juste équilibre au sein de la société.

Quoi qu’il en soit, le travail entre femmes ne doit en aucun cas devenir un calvaire. Au-dela de la première impression, les femmes doivent s’entendre pour que la rivalité qui sommeille en elles devienne une force à l’échelle individuelle et collective.
On appelle ça le bon sens et ça s’interprète dans le registre harmonieux des relations humaines dites depuis le confinement « présentielles ».

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