KRISTALINA GEORGIEVA DIRECTRICE GÉNÉRALE DU FMI L’A ÉCHAPPÉ BELLE

Accusée depuis le 16 septembre par le cabinet d’avocats WilmerHale d’avoir manipulé des données du rapport « Doing Business » pour que la Chine obtienne un classement plus favorable sur la facilité à faire des affaires, en 2018 et 2020, la décision visant Kristalina Georgieva qui a été prise lundi par le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) met un terme au suspense.

Démonstration que la Chine inquiète au plus haut point !

Les 24 membres dudit conseil d’administration de l’institution qui représentent 190 pays ont finalement renouvelé à son actuelle directrice générale leur pleine confiance.

Aujourd’hui âgée de 68 ans, cette économiste bulgare qui a bénéficié lors de sa candidature du soutien d’Emmanuel Macron, a outre les fonctions qu’elle a occupées précédemment, gravi tous les échelons au sein de l’institution avant d’être nommée à la tête du Fonds le 1er octobre 2019, succédant ainsi à Christine Lagarde.

On comprend mieux les allégations proférées à son encontre lorsqu’on sait que d’un côté, l’Europe et l’Afrique souhaitaient son maintien à la tête de l’institution et que de l’autre côté, les États-Unis et le Japon se montraient réticents à la voir poursuivre ses fonctions, la Chine étant clairement dans le collimateur de ces deux pays.

Les déclarations de deux éminents économistes en disent long.
Jeffrey Sachs, directeur du Center for Sustainable Development de l’Université de Columbia, a, pour sa part estimé dans le Financial Times que sa destitution « serait une capitulation dangereuse et coûteuse devant l’hystérie anti-Pékin », faisant allusion au fait que les États-Unis accuse la Chine d’interférences dans les institutions internationales.

De son côté, Joseph Stiglitz, lauréat du prix Nobel et ancien chef économiste de la Banque mondiale, a qualifié les efforts pour la destituer de « coup d’État » et le rapport WilmerHale d' »entreprise de démolissage », dans un article publié sur Project Syndicate, média en ligne d’opinions.

Quoi qu’il en soit, les partisans d’un maintien de Kristalina Georgieva à son poste de directrice générale du FMI, mettent surtout en avant son bilan pendant la crise du Covid-19, soulignant les efforts qu’elle a mis en œuvre pour aider les pays les plus vulnérables à faire face à la pandémie.

Toutefois, en dépit de cette issue favorable, Kristalina Georgieva doit avoir conscience que l’accusation qu’elle a jugée infondée la place sous haute surveillance en raison du rôle éminent joué par le FMI pour aider les pays confrontés à un état de crise financière via l’octroi de prêts, le plus souvent conditionnés à la mise en place de réformes et de politiques économiques rigoureuses.

Le montant des contributions versées par le FMI s’élève à 506,5 millions de dollars. Il provient pour l’essentiel des quotes-parts versées par les États membres, les États-Unis représentant le plus gros contributeur.

Ces aides qui passent par le Fonds fiduciaire d’assistance et de riposte aux catastrophes (fonds fiduciaire ARC)ont pour objectif de permettre aux pays vulnérables d’alléger leur dette et faire face à l’impact de la pandémie de coronavirus notamment.
A ce titre, le Fonds monétaire international (FMI) a approuvé, lundi, le versement d’une nouvelle aide d’urgence pour 28 pays classés parmi les plus pauvres du monde (Afghanistan, Bénin, Burkina Faso, Burundi, Centrafrique, Tchad, Comores, RD Congo, Djibouti, Éthiopie, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Haïti, Libéria, Madagascar, Malawi, Mozambique, Népal, Niger, Rwanda, Sao Tomé-et-Principe, Sierra Leone, Iles Salomon, Tadjikistan, Tanzanie, Togo et Yémen).

Reste le sort du Mali, également éligible à ces aides, qui n’a selon le FMI pour l’heure pas été retenu parmi les bénéficiaires en raison d’un manque de clarté concernant la situation actuelle de ce pays sous l’emprise d’un régime militaire.

Ces précisions témoignent de l’importance des actions menées par le FMI, mais également de la fort délicate mission qui échoit à Kristalina Georgieva, à la tête de cette institution.

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