POUR SE RECONSTRUIRE LIBANAIS ET LIBANAISES DOIVENT RELEVER D’IMMENSES DEFIS

Cinq jours après l’explosion sur le port de la capitale qui a fait au moins 158 morts et 6.000 blessés et creusé le fossé entre une partie de la population et la classe politique, accusée de négligence, d’incurie et de corruption, Emmanuel Macron a estimé dimanche, lors de visioconférence internationale organisée à l’initiative de la France et de l’ONU que la tragédie de Beyrouth sonnait “comme un coup de tonnerre”.

Dans une déclaration commune, les participants représentants de l’UE, des États-Unis, du Royaume-Uni, de la Chine, de la Russie, de Jordanie, d’Égypte et plusieurs pays du Golfe invités se sont engagés à réunir des “ressources majeures” afin de répondre aux besoins immédiats de Beyrouth et du peuple libanais.
C’est un premier pas important qui doit permettre d’apporter l’aide matérielle dont l’urgence n’est pas à démontrer.
Mais le sort du pays est en réalité dans les mains du peuple libanais.

Et la démission dimanche de Manal Abdel Samad, qui avait été nommée ministre de l’information se doit d’être interprétée comme un acte courageux qui tend à soutenir une volonté de renouveau de la politique libanaise. D’autant que dimanche soir un autre ministre, celui de l’Environnement et du développement administratif, Damianos Kattar, a également annoncé sa démission.

Dévoilé le 21 janvier 2020 par Hassan Diab, Premier ministre, le gouvernement libanais composé de 20 ministres était avec la présence de 6 femmes à la tête de ministères souvent régaliens l’un des plus féminins du monde arabe.

Si ces nominations avaient été globalement bien accueillies dans la société libanaise, des doutes sur l’indépendance et la marge de manœuvre de ces nouvelles ministres subsistaient au regard du mouvement de contestation qui secouait le pays depuis plusieurs mois.

Le séisme sociétal provoqué par l’explosion catastrophique qui a ruiné Beyrouth mardi dernier est venu confirmer la profonde aversion du peuple libanais pour ses dirigeants qualifiés d’incompétents, de corrompus voire d’assassins.

La courte déclaration de Manal Abdel Samad qui savait pertinemment le pays en proie à une crise politique, économique, financière, sociale à très haut risque, témoigne de sa volonté de rompre avec un système déficient.

Interviewée en mars dernier par France 24 au sujet de la crise sanitaire COVID-19, elle avait eu l’occasion de préciser : « Le gouvernement s’est mobilisé dès la découverte du premier cas identifié au Liban, le 21 février, en prenant toutes les mesures nécessaires sans aucune négligence. » Elle n’avait pas manqué d’ajouter : « C’est un moment de solidarité que nous vivons tous au Liban »

Agée de 45 ans, Manal Abdel Samad, qui dirigeait précédemment le centre de la TVA du ministère des Finances, avait contribué à mettre en place un système de taxation sur la valeur ajoutée depuis 2000.
Membre du corps des enseignants de l’American University of Beirut (AUB) et l’Université St Joseph (USJ) et également titulaire de plusieurs diplômes dont un doctorat sur les lois fiscales de Paris I Panthéon Sorbonne (études effectuées entre 2010 et 2014) et de l’American University of Beirut (MBA en finance entre 2004 et 2009) elle n’ignorait rien des immenses défis que son pays avait à relever.

Women e Life se gardera de porter un jugement sur ce que cette jeune femme Druze a souhaité faire à la tête de son ministère de l’information. Concernant le secteur de l’information l’un des plus frappés par la crise, elle avait repris le projet de loi de Melhem Riachi, auquel elle a apporté quelques amendements pour le rendre encore plus efficace. Il ne s’agissait pas seulement d’une question de libertés, mais de droits, de sécurité de l’emploi, d’indemnités, etc.
Elle savait primordial d’ organiser le secteur de l’information, celui-ci ayant un rôle important à jouer pour donner une belle image du pays et y attirer les investisseurs.

Des talents masculins et féminins existent au Liban, sans parler des quelques 12 millions d’expatriés qui interviennent en Europe comme aux Etats Unis avec succès dans de multiples domaines.

La démission de cette jeune femme ministre dans le gouvernement libanais ne doit pas conduire à jeter l’anathème sur toute une catégorie d’hommes et femmes responsables et compétents qui aiment leur pays et ont conscience que l’esprit du Cèdre doit se renouveler en profondeur pour offrir au peuple libanais de véritables perspectives d’avenir. En attendant l’annonce de la démission du gouvernement et l’organisation d’élections législatives anticipées pour que vive autrement et donc mieux le Liban et le peuple libanais.

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