TROIS FEMMES DANS UNE ELECTION EN BIELORUSSIE

Vous connaissiez déjà « Trois hommes dans un bateau », un roman comique de Jerome K, publié en Angleterre en 1889, et paru en France pour la première fois en 1894.

Eh bien cet été, une histoire vraie et sérieuse que l’on pourrait intituler : « Trois femmes dans le bain électoral biélorusse » devrait vous tenir en haleine jusqu’au 9 août, voire peut-être même bien au-dela pour peu que le résultat des élections le veuille.

Unies face à Alexandre Loukachenkoun, 65 ans, un dirigeant à forte poigne à la tête de cette ancienne république soviétique d’Europe de l’Est depuis 1994 qui compte remporter un sixième mandat, des femmes veulent que la Biélorussie se réveille.

Au départ, Svetlana Tikhanovskaïa, 37 ans, que l’on voit sur la photo le poing levé  ne se prédestinait pas à devenir candidate. Mais son époux, Sergueï, un vidéoblogueur de renom, qui a été emprisonné en mai alors qu’il prévoyait de se présenter est sans doute ce qui explique sa décision.

Maria Kolesnikova, 38 ans, qui fait le « V » de la victoire a pour sa part travaillé dans la banque Belgazprombank, auparavant dirigée par l’opposant Viktor Babaryko.
Quant à Veronika Tsepkalo, que l’on voit former un cœur avec ses mains, c’est une ancienne employée de Microsoft.

Mais au rythme où vont les choses, nous sommes loin d’un long fleuve électoral tranquille. Selon un communiqué de l’ONG Amnistie internationale, la Biélorussie verse entre autres dans une misogynie promue par l’État d’où la dénonciation par cette dernière des multiples pressions visant spécifiquement les opposantes biélorusses.

Selon Amnistie, les autorités « visent délibérément des femmes impliquées en politique ou membres de la famille d’opposants, y compris en usant de discriminations ouvertes et de menaces de violences sexuelles.
Qu’il faut de courage dans un tel état de non-droit pour afficher sa candidature à la fonction suprême !

Tout en restant très prudent sur les chances de succès de Svetlana Tikhanovskaïa, l’initiative de ces trois femmes marque clairement une volonté de rupture de nombreux Biélorusses avec le passé sur le plan politique, économique et social dans ce pays à l’histoire mouvementée.

Les démocraties voient d’ailleurs Loukachenko d’un mauvais œil, et n’hésitent pas à classer la Biélorussie parmi les dictatures, la dernière en Europe.
Depuis le 17 février 2017, la Biélorussie qui compte aujourd’hui un peu moins de 10 millions d’habitants, connaît une série de manifestations spontanées.

Et force est de constater que face à Alexandre Loukachenko qui gouverne la Biélorussie depuis plus de vingt-cinq ans, une opposition devenue plus organisée, plus solidaire et plus inventive a pris forme en témoignant de sa capacité à rassembler.
Le souhait de profond changement pourrait séduire un électorat lassé des dérives autoritaires d’un chef d’Etat en fin de parcours, qui a notamment fait preuve de désinvolture pour lutter contre l’épidémie de Covid-19.

Un nouveau chapitre de l’histoire de la Biélorussie soutenu par notamment par des femmes se dessine. Rendez-vous le 9 août !

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