CE QUE RÉVÈLE LES PRIX DE LA LIBERTÉ DE LA PRESSE DÉCERNÉS À TROIS FEMMES JOURNALISTES IRANIENNES

Women eLife n’est pas dupe concernant l’opinion émise par les Français sur les médias et les journalistes.
Il suffit pour s’en convaincre de se reporter à l’enquête menée en mars par Viavoice, en partenariat avec France Télévisions, Radio France, Ouest-France et France Médias Monde.
En sondant l’opinion des Français à l’égard des médias et journalistes, cette dernière met en tête des reproches leur manque de fiabilité et leur partialité.

Alors que plus d’un sondé sur deux (54 %) estime que « la qualité de l’information délivrée par les journalistes s’est détériorée » ces dernières années, 70 % d’entre eux attribuent cette détérioration au fait que « l’information est trop orientée, pas assez impartiale ». C’est la deuxième raison invoquée, juste derrière le reproche selon lequel « l’information est parfois fausse et trop vite relayée » (74 %).

Aussi, pour revenir à la raison concernant l’exercice du métier de journaliste, une information émanant de l’UNESCO témoigne des difficultés rencontrées par celles et ceux qui exercent ce métier: « Quatre-vingt-six journalistes et professionnels des médias ont été tués dans le monde en 2022 – soit un tous les quatre jours.»

Pour rester dans la news choc, Women eLife e Life, magazine féminin indépendant ouvert sur le monde, ne peut manquer de rappeler qu’à l’échelle mondiale, les femmes journalistes et l’ensemble des femmes professionnelles des médias sont confrontées à une hausse des attaques en ligne et hors ligne et font l’objet de menaces disproportionnées et spécifiques.
Les violences sexistes auxquelles elles sont exposées comprennent la stigmatisation, les discours de haine sexiste, le trolling, l’agression physique, le viol, et peuvent aller jusqu’au meurtre.

En marge de ce sinistre tableau, une autre information retient l’attention.
Il s’agit du premier prix pour la liberté de la presse qui a été décerné cette semaine par l’Organisation des Nations Unies, à trois femmes journalistes iraniennes emprisonnées « pour leur engagement en faveur de la vérité et de la responsabilité ».

Niloofar Hamedi écrit pour le grand quotidien réformateur Shargh. Elle a annoncé le décès de Masha Amini, survenu le 16 septembre 2022 à la suite de sa garde à vue. Niloofar Hamedi est en isolement dans la prison iranienne d’Evin depuis septembre 2022.

Elaheh Mohammadi écrit pour le journal réformateur Ham-Mihan et couvre les questions sociales et l’égalité des genres. Elle a fait un reportage sur les funérailles de Masha Amini et est également détenue à la prison d’Evin depuis septembre 2022. En 2020, elle avait déjà été interdite de reportage pendant un an en raison de son travail.

Niloofar Hamedi et Elaheh Mohammadi sont toutes deux lauréates du Prix international de la liberté de la presse 2023 décerné par les Journalistes canadiens pour la liberté d’expression (CJFE) et du Prix Louis M. Lyons 2023 pour la conscience et l’intégrité dans le journalisme décerné par Harvard. Elles figurent sur la liste des 100 personnes les plus influentes de 2023 du Time Magazine.

Narges Mohammadi a travaillé pendant de nombreuses années comme journaliste pour différents journaux. Elle est également autrice et vice-directrice de Defenders of Human Rights Center (DHRC), une organisation de la société civile basée à Téhéran. Elle purge actuellement une peine de 16 ans d’emprisonnement à la prison d’Evin. Elle a continué à écrire des articles depuis sa cellule et interviewé d’autres femmes en détention. Ces entretiens ont été publiés dans son livre White Torture (Torture blanche). En 2022, elle a reçu le Prix du courage de Reporters sans frontières (RSF).

Cette remise de prix conduit à souligner que l’UNESCO défend la sécurité des femmes journalistes en travaillant avec ses partenaires pour identifier et mettre en œuvre des bonnes pratiques et pour partager des recommandations avec toutes les parties impliquées, conformément aux nombreuses résolutions de l’ONU sur ce sujet.

Mais attention, quelques précisions importantes méritent d’être apportées.

Si toutes les régions ont été touchées, l’Amérique latine et les Caraïbes ont été les régions les plus dangereuses pour les journalistes en 2022, avec 44 meurtres, soit plus de la moitié de tous ceux qui ont été commis dans le monde. L’Asie et le Pacifique ont enregistré 16 meurtres, tandis que 11 journalistes ont été tuées en Europe de l’Est. Les pays les plus meurtriers ont été le Mexique, l’Ukraine et Haïti avec respectivement 19, 10 et 9 meurtres commis.

Par ailleurs, dans environ la moitié des cas, les journalistes n’ont pas été tués pendant qu’ils exerçaient leurs fonctions : ils étaient en voyage, à leur domicile, dans des parkings ou d’autres lieux publics lorsqu’ils ont été pris pour cible. Cette situation s’inscrit dans la continuité d’une tendance observée ces dernières années et implique qu’il n’existe aucun lieu sûr pour les journalistes, même pendant leur temps libre.

Le nombre de journalistes tués dans des pays en conflit s’élève à 23 en 2022, contre 20 l’année précédente, la forte augmentation globale du nombre de meurtres intervient donc principalement dans des pays qui ne connaissent pas de conflit. Ce nombre a presque doublé, passant de 35 cas en 2021 à 61 en 2022, ce qui représente les trois quarts de l’ensemble des meurtres commis l’an dernier.

Ces journalistes ont été tués pour différentes raisons, notamment des représailles pour des reportages sur le crime organisé, des conflits armés, la montée de l’extrémisme, ou la couverture de sujets sensibles tels que la corruption, les crimes environnementaux, les abus de pouvoir ou les manifestations.

Women eLife a aujourd’hui conscience des risques encourus par les hommes et femmes journalistes au coeur de la guerre en Ukraine, mais aussi de leur exposition dans d’autres pays en proie à des conflits armés en Afrique, au Moyen-Orient notamment.

Cette chronique a pour objectif que soient unanimement reconnus l’importance et l’intérêt de leurs missions d’information qui donnent accès à ce que nous pourrions ne jamais savoir, voir et comprendre.

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