RETRAITES DES FEMMES : COMMENT EXPLIQUER CE RETARD À L’ALLUMAGE DE LA RÉFORME ?

Après avoir soutenu que « la réforme des retraites protège les femmes qui sont dans des métiers difficiles », Élisabeth Borne, Première ministre a t’elle refusé de regarder les réalités en face ?

Car visiblement la copie est à revoir, sur fond d’amendements jugeant ce projet de réforme des retraites incompatible pour certaines catégories de salariés.

Il n’en fallait pas plus pour le ministre du Travail, Olivier Dussopt, se déclare dimanche sur BFM TV «ouvert» aux propositions des Républicains. concernant en particulier la situation des femmes.

De plus, bien que de longue date favorable au report de l’âge de départ en retraite, la majorité sénatoriale compte peser sur la réforme en améliorant les pensions des femmes ou en encourageant davantage l’emploi des seniors.

Faut-il voir dans cette nouvelle approche de cette réforme des retraites qui se heurte à un mur d’incompréhension, un clin d’œil à la «Journée internationale des droits des femmes» , le 8 mars prochain, destinée à défendre les droits des femmes en France ?

Plusieurs données permettent de mieux comprendre la situation.

Tout d’abord, sur les 14,2 millions de retraités âgés de 65 ans ou plus, 7,6 millions sont des femmes et 6,6 millions des hommes.

Mais là où le bas blesse, c’est lorsqu’on s’aperçoit qu’en France, femmes et hommes sont loin d’être égaux en matière de retraite.

Un phénomène dû plus particulièrement aux inégalités professionnelles dès l’entrée sur le marché du travail qui génèrent des écarts importants entre les revenus des hommes et ceux des femmes.

Selon la DREES, les femmes perçoivent des pensions de droit direct inférieures de 40 % à celles des hommes, en raison de carrières moins favorables et souvent incomplètes, dues à plus de difficultés à entrer sur le marché du travail, au recours plus fréquent au dispositif de travail à temps partiel, au congé maternité et au congé parental.

D’où une différence notable entre les pensions moyennes des femmes et celles des hommes.

Certes, le système de retraite en tient compte et tente de compenser petit à petit ces disparités grâce aux dispositifs de solidarité mis en place en faveur des femmes lors des différentes réformes des retraites (majoration de trimestres pour enfant, affiliation gratuite au régime général de retraite, etc.)

Toutefois, force est de constater que si sur l’ensemble des retraités, les pensions se montent en moyenne à 1 459 euros nets par mois, les femmes perçoivent en moyenne 1 272 euros, soit 24 % de moins que les hommes (1 674 euros).

On comprend que la proposition émise par les Républicains à la chambre haute, qui avance le principe d’une «surcote de 5% pour les mères de famille qui auraient atteint à la fois une carrière complète et l’âge légal, soit un départ anticipé à 63 ans» retienne l’attention.

Vouloir que les femmes ayant eu des enfants, arrivent à l’âge de la retraite avec des trimestres validés au titre de la maternité, ne peut laisser indifférent.

Néanmoins, on ne peut cacher que la proportion de femmes parmi les bénéficiaires d’une pension de droit dérivé est de 88 %. L’enquête DREES 2022, montre que les femmes sont les premières bénéficiaires d’une pension de réversion est de par leur espérance de vie plus élevée que celle des hommes en moyenne.
Ainsi, les femmes nées en 1953 passeront en moyenne 26 années et 7 mois à la retraite, contre 23 années pour les hommes de la même génération. Le tout étant de savoir si cette longévité est systématiquement assortie d’une parfaite santé et autonomie. Mais, c’est un autre sujet !

Quoi qu’il en soit, alors que les syndicats engagés contre la réforme appellent à de nouvelles manifestations et même à mettre le pays à «l’arrêt» le 7 mars, le gouvernement serait sans nul doute bien inspiré d’amender son projet de réforme des retraites à la veille de la «Journée internationale des droits des femmes» , sans négliger d’autres points sur l’âge légal qui sont loin de faire consensus pour de nombreux Français, toutes générations confondues.
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