ELIZABETH HOLMES A T’ELLE FAIT FAUSSE ROUTE EN PROMETTANT UNE INNOVATION SANTÉ ?

Il n’est pas question aujourd’hui pour Women eLife de prendre la défense d’Elizabeth Holmes, jugée par un tribunal fédéral pour 11 chefs d’inculpation de fraude en janvier 2022 et finalement reconnue coupable de quatre chefs d’inculpation.
Sa condamnation, le 18 novembre 2022, à plus de 11 ans de prison pour avoir fraudé les investisseurs de Theranos, la startup qu’elle a fondée en 2003, nécessite toutefois de revenir sur le parcours et les intentions « louables » de cette jeune Américaine.

L’histoire de son succès, puis de sa chute, ne peut être que source d’inspiration pour le 7ᵉ art.
Le réalisateur américain Adam McKay, ne s’y est d’ailleurs pas trompé puisqu’il prévoit de réaliser un long métrage retraçant le parcours de cette businesswoman portée aux nues, puis déchue, dans lequel Jennifer Lawrence devrait l’incarner.

Elizabeth Holmes qui a aujourd’hui 38 ans, a dès son plus jeune âge, eu l’intention de révolutionner le secteur médical et ainsi de changer le monde.

À neuf ans, elle écrivait à son père : ‘Ce que je veux vraiment dans la vie, c’est découvrir quelque chose de nouveau, quelque chose que l’humanité pensait impossible. »

En 2003, elle n’a que 19 ans lorsqu’elle abandonne l’Université de Stanford pour créer et diriger l’entreprise Theranos, une start-up qui va parvenir à lever 945 millions de dollars auprès d’une liste impressionnante d’investisseurs.
De congratulations, elle n’a pas manqué lors de sa phase ascensionnelle. Présente dans les médias, voire en couverture de magazines réputés, à l’instar de Fortune et du New York Times Style Magazine en 2014, elle va bénéficier de l’appui de pontes de la Silicon Valley.
On la verra souvent aux côtés de nombreuses personnalités du monde des affaires dont le magnat des médias Rupert Murdoch, le fondateur d’Oracle Larry Ellison, la famille Walton de Walmart et la famille milliardaire de l’ancienne secrétaire à l’Éducation Betsy DeVos, mais aussi de personnalités politiques : Bill Clinton et Joe Biden.
 

 

 

 

 

 

 

 

Sur la base des documents disponibles à l’époque, sa nomination pour le Prix de l’inventeur européen a été proposée en 2014 et sa sélection en tant que finaliste annoncée en avril 2015.

Par curiosité, Women eLife a examiné les très nombreux brevets dans lesquels le nom d’Elizabeth Holmes figure.

Avec le concours des ingénieurs et des scientifiques de son entreprise, Theranos (une contraction des termes « thérapie » et « diagnostic »), la femme d’affaires projetait de lancer sur le marché « l’iPod de la santé ».

Cette invention devait prendre la forme d’un « mini laboratoire » capable de tester l’hémoglobine d’un patient en quelques instants après avoir simplement recueilli quelques gouttes de sang au bout du doigt – et devait à terme trouver sa place dans chaque foyer américain.

Le système devait permettre de : détecter des pathologies le plus tôt possible, d’assurer un meilleur suivi des individus médicamentés, adapter un traitement dès que possible en fonction de la réaction des patients.
Un service mis à la portée de tous, et pas seulement de ceux en mesure de supporter le coût financier d’analyses sanguines souvent hors de prix aux États-Unis – et fournies dans des délais pas forcément satisfaisants.

Holmes a constitué des équipes brillantes chargées de développer son produit révolutionnaire – en attirant des ingénieurs et collaborateurs venants de géants de la tech comme IBM ou Apple. Après des années de recherches et de tests, Theranos signa en 2013 un partenariat avec le groupe Walgreens, une chaîne de pharmacies qui disposait à l’époque de plus de 8000 magasins aux États-Unis.

Aujourd’hui âgée de 38 ans, Holmes a lancé Theranos en 2003 à l’âge de 19 ans et a rapidement abandonné l’Université de Stanford pour consacrer 100% de son temps à sa start-up. Jusqu’au jour où elle a affirmé avoir inventé une technologie capable de tester avec précision et fiabilité toute une série d’examens en utilisant seulement quelques gouttes de sang prélevées par une piqûre au doigt.

Toutefois, Elizabeth Holmes a eu beau porter fréquemment un col roulé noir emblématique qui invitait à des comparaisons avec le défunt PDG d’Apple, Steve Jobs, son profil de jeune inventrice d’une géniale innovation santé à la tête d’une start-up, a brusquement tourné court.

Les suspicions ont commencé avec la publication d’un article dubitatif du New Yorker. Ensuite, en 2015, une enquête du Wall Street Journal de 2015, a révélé que Theranos n’avait effectué qu’environ une douzaine des centaines de tests qu’elle proposait à l’aide de son appareil de test sanguin exclusif, et que la méthode comme les résultats étaient d’une précision douteuse. En réalité, son entreprise s’appuyait sur des appareils fabriqués par des tiers provenant de sociétés traditionnelles de tests sanguins.

En dehors du style de vie dispendieux d’Elizabeth Holmes, plusieurs questions restent en suspens à l’issue du détournement de 700 millions de dollars par Theranos et de sa condamnation à 11 ans de prison.

Était-elle vraiment convaincue de pouvoir améliorer le secteur médical ? A t’elle eu véritablement l’intention d’arnaquer les investisseurs de Theranos ? A t’elle eu conscience de mettre en danger la santé de certains patients en leur fournissant des analyses sanguines inexactes ? Peut-on tolérer qu’une entreprise pharmaceutique travaille dans l’opacité la plus totale ?

Lors du procès, les 16 millions de pages de documents qui ont été examinées par les juges ont elles permis d’apporter des réponses à toutes ces questions ?

Car en dehors du détournement avéré de fonds dont a été accusé Elizabeth Holmes, on est conduit à s’interroger sur un autre aspect de cette affaire : le culte du secret pratiqué par les entreprises du secteur pharmaceutique n’étant pas une révélation.

Surtout lorsqu’on sait les innombrables difficultés et autres multiples étapes incontournables auxquelles doit répondre tout projet innovant dans le secteur de l’industrie pharmaceutique (médicaments et équipements) aux États-Unis comme dans tous les pays, avant de pouvoir être validé et commercialisé.

De plus, on ne peut ignorer l’âpre concurrence à laquelle se livrent les grandes entreprises de cet important secteur d’activité.
On est en droit de douter que toute la lumière ait été faite sur l’intérêt que pouvait présenter une solution révolutionnaire susceptible de priver les laboratoires d’une grande partie de leurs travaux.

Qu’Elizabeth Holmes ait commis des erreurs monumentales, répréhensibles en termes de méthode de gestion de sa start-up, on ne peut douter.
Mais, a-t-elle, pour autant, réellement menti concernant son objectif santé et les possibilités offertes par son invention* ?

NB: À mille lieux de l’affaire Holmes, la volonté d’innover en matière de santé permet de rappeler brièvement celle baptisée « AWI GLUCOWATCH » élaborée en France, par un journaliste, dés 2008. Ce projet conçu à l’aide des premières montres téléphone fabriquées en Chine, portait sur la conception et réalisation d’une montre bracelet lecteur de glycémies destinée aux diabétiques type 1 et type 2. Mais à l’époque et plus tard, en dépit de son intérêt, cette innovation n’a jamais vu le jour.

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