LES TALIBANS NOMMENT UN GOUVERNEMENT GUIDÉ PAR LA CHARIA

Alors que débute ce mercredi à Paris un procès hors norme qui doit durer neuf mois, concernant les épouvantables attentats de terroristes djihadistes qui ont frappé, voilà six ans, le Stade de France, des terrasses de restaurants et le Bataclan au cœur de la capitale, la situation qui prévaut depuis le retour des Talibans en Afghanistan inquiète les Occidentaux à juste titre.

Car en dépit de propos quelque peu rassurants tenus par Mujahid, porte-parole des talibans, depuis la prise de Kaboul, ces derniers qui contrôlent désormais le pays tout en se heurtant à une poche de résistance composée de restes de l’armée afghane et de combattants de milices locales dirigée par Massoud, la composition du nouveau gouvernement pose question.

Les manifestations organisées par des femmes à Kaboul, mais aussi dans d’autres villes d’Afghanistan, illustrent notamment leur légitime crainte d’un non-respect de leurs droits.

Pour la jeune génération et des étudiants dont il a été possible d’entendre les témoignages, la séparation entre garçons et filles lors des cours dispensés à l’université, marque une rupture incompréhensible.

Bien qu’il ait été précisé que certains ministères restaient à pourvoir en attendant de trouver des personnes qualifiées, force est tout d’abord de constater qu’aucune femme ne figure parmi les ministres nommés.
De plus, le gouvernement taliban dirigé par Le mollah Hasan Akhund, nommé premier ministre, n’est autre que le chef du puissant organe décisionnel des talibans, la Rehbari Shura.

À l’instar de beaucoup d’autres membres, son prestige s’explique en raison de son lien étroit avec le mollah Omar, le fondateur du mouvement, qui a présidé à son règne il y a vingt ans.
Ministre des affaires étrangères puis vice-premier ministre lorsque les talibans étaient au pouvoir, cet homme est d’ailleurs sous le coup de sanctions de l’ONU pour le rôle qu’il a joué dans ce gouvernement.
Après des semaines d’assurance de la part des dirigeants talibans qu’ils allaient instaurer un style de gouvernement modéré et inclusif, la plupart des nominations intérimaires concernent des personnalités de haut rang ayant occupé par le passé des postes clés.

Autrement dit, le noyau théocratique et conservateur des talibans n’a pas changé. Tous étaient déjà des hommes, dont plusieurs figurent sur la liste des terroristes établie par les États-Unis et l’ONU.

Au vu de cette situation, le récent Women’s Forum consacré aux femmes et filles en Afghanistan dont Women e Life s’est fait l’écho, le 2 septembre dernier, a d’ailleurs permis à Manizha Wafeq, cofondatrice et présidente de la Chambre de commerce et d’industrie des femmes afghanes de s’exprimer clairement sur les difficultés rencontrées par les Afghanes sous un régime taliban.

L’occasion pour elle de souligner l’importance que revêt l’éducation des filles et le rôle majeur de l’entrepreneuriat féminin compte tenu du fort potentiel qu’elles représentent et de l’ampleur des défis que l’Afghanistan doit relever sur le plan politique, économique et social.

Aussi est-on en droit de s’interroger lorsque le chef suprême des talibans, Haibatullah Akhundzada, a félicité les Afghans pour ce qu’il a appelé la libération du pays de la domination étrangère et déclaré : « À l’avenir, toutes les questions de gouvernance et de vie en Afghanistan seront régies par les lois de la sainte charia »

Quoi qu’il en soit, l’Afghanistan est plongé dans un marasme qu’il s’agisse de la monnaie, de l’effondrement des services publics et de l’économie.

Alors que la conférence internationale des donateurs doit avoir lieu à Genève le 13 septembre, et que les puissances occidentales se disent prêtes à envoyer de l’aide humanitaire, ces dernières ne manquent pas de souligner qu’un engagement économique plus large dépend de la forme et des actions du gouvernement taliban.

Pour les puissances mondiales, la clé de la paix et du développement réside dans la constitution d’un gouvernement inclusif en mesure de tenir ses promesses d’une approche plus conciliante, respectueuse des droits de l’homme, et crédible concernant ce qui marqué la période de leur règne de 1996 à 2001, à savoir les vendettas sanglantes et l’oppression des femmes.

Or en l’état actuel, rien de tout cela ne semble prendre forme, du moins jusqu’à plus ample informé.

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