LA LUTTE CONTRE L’ANOREXIE PREND DU POIDS

L’image qui illustre cet article fait, il est vrai, peine à voir. Elle souligne l’importance des deux textes publiés vendredi au Journal officiel concernant les troubles du comportement alimentaire qui touchent de plus en plus de jeunes et s’inscrivent dans le droit fil de la prévention des risques santé récurrents.
L’objectif vise à éviter la promotion d’idéaux de beauté aussi dangereux que contestables, prévenir l’anorexie chez les jeunes et protéger une catégorie de la population particulièrement touchée par ce phénomène s’agissant des mannequins.
Le premier texte précise que les photographies retouchées pour modifier la silhouette devront, à compter du 1er octobre, le mentionner. Quant au second, il stipule que les mannequins devront fournir un certificat médical pour exercer leur activité. Une mesure qui entre en vigueur dès samedi et s’applique également aux mannequins d’un autre pays de l’Espace économique européen exerçant en France.
Cette prise de conscience des risques santé qu’encourent les personnes anorexiques ne concerne pas que la France. Israël a été le premier pays à mettre en place une loi interdisant le recrutement de mannequins trop maigres. La législation interdit en effet depuis janvier 2013 la présence dans les médias israéliens ou dans les défilés organisés dans le pays d’hommes et femmes dont l’IMC (rapport entre poids et taille) est inférieur à 18,5. Une attestation d’IMC de moins de trois mois doit être fournie par un mannequin à tout recruteur en vue d’une embauche.
Ce même texte législatif a également introduit la «loi Photoshop», qui concerne les modifications apportées à une image en vue d’amaigrir le mannequin la mention de cette modification devant obligatoirement figurer.
En Europe, Madrid a été la première capitale européenne à interdire en septembre 2006 les mannequins en dessous d’un IMC de 18 au Pasarela Cibeles, grand rendez-vous de la mode madrilène.
L’Italie, la Belgique mais aussi le Chili ont également pris des dispositions législatives ou réglementaires similaires.
Car si des manifestes, chartes et recommandations circulent dans de nombreux pays, y compris aux Etats-Unis, pour lutter contre la malnutrition qui a aussi pour conséquence de provoquer des symptômes dépressifs, la situation impose de vraies mesures s’agissant plus particulièrement des jeunes femmes. D’autant qu’une étude britannique, révèle que les mannequins féminins sont les plus exposés aux signes patents de grande maigreur contre seulement 8% des modèles masculins.
En France, c’est en 2008 que Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé, avait signé avec les organisations représentatives des professionnels du secteur de la mode une charte visant à lutter contre l’anorexie . Mais si le texte avait été adopté par l’Assemblée nationale, il était resté dans les tuyaux en l’absence d’examen par le Sénat.
Aujourd’hui l’intérêt des deux textes publiés au J.O vendredi est d’aller bien au delà du seul milieu du mannequinat compte tenu de l’ impact et de l’influence que peuvent avoir les images de modèles d’une extrême maigreur sur une part plus large de la population et notamment les jeunes.
En France, les troubles du comportement alimentaire touchent environ 600 000 jeunes parmi lesquels on ne dénombre pas moins de 40 000 anorexiques. Ils représentent tout de même la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans après les accidents de la route. Il était donc temps d’agir.

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