PREMIÈRES SINGULARITÉS DU NOUVEAU GOUVERNEMENT ALLEMAND

À la veille de la passation de pouvoirs entre Angela Merkel et Olaf Scholz, deux bonnes surprises qui tiennent au rajeunissement et la féminisation des membres du nouveau gouvernement allemand retiennent notamment l’attention.

À la tête d’une coalition inédite formée par les sociaux-démocrates du SPD, les Verts et les Libéraux, les huit hommes et huit femmes dont la moyenne d’âge est d’une cinquantaine d’année qui vont entourer le nouveau chancelier témoignent d’une parité exemplaire qui s’appuie sur des profils de personnnalités politiques expérimentées.

L’occasion pour Women e Life de mettre un coup de projecteur sur les femmes appelées à prendre la tête d’un ministère.


L’écologiste Annalena Baerbock, candidate malheureuse à la chancellerie, se voit confier le ministère des Affaires étrangères.
Pour cette Ancienne trampoliniste médaillée, le saut de cette femme de 40 ans sera le plus grand qu’elle ait jamais fait.

Experte en droit international, elle s’est engagée à placer les droits de l’homme au centre de la diplomatie allemande, ce qui augure une attitude plus ferme à l’égard de la Russie et de la Chine après le pragmatisme commercial de l’ère Merkel.

Deuxième ministre des affaires étrangères des Verts en Allemagne, suivant les traces de Joschka Fischer, vétéran du parti, qui a servi sous Gerhard Schroeder de 1998 à 2005, cette femme est fermement pro-UE. Elle se déclare favorable à une plus grande responsabilité de l’Europe en matière de sécurité et de défense, et s’oppose au gazoduc Nord Stream 2 avec la Russie.

Après avoir récemment accusé Moscou de faire grimper les prix de l’énergie en Europe en retenant les livraisons de gaz jusqu’à ce que le gazoduc soit entièrement certifié, elle a déclaré que l’Allemagne ne pouvait pas se laisser « faire chanter ».

Concernant la Chine, Annalena Baerbock a appelé au « dialogue et à la fermeté » et a exhorté l’Union européenne à « ne pas être naïve » dans ses relations avec le géant asiatique.


Nancy Faeser, 51 ans jusque-là responsable du SPD dans le Land de Hesse, devient la première femme nommée à la tête du ministère de l’Intérieur.
La ministre veut lutter contre l’extrémisme de droite et s’engage pour les plus faibles

Elle a d’ailleurs déclaré lors de sa nomination : « Il me tiendra particulièrement à cœur de lutter contre la plus grande menace qui pèse actuellement sur notre ordre fondamental libéral et démocratique, l’extrémisme de droite ». Elle souligne que les Allemands ont le droit d’exiger que le gouvernement fédéral se préoccupe de leur sécurité. Et pour cela, il faut du personnel bien formé, en particulier dans la police fédérale.


Christine Lambrecht (SPD), 56 ans, jusqu’à présent à la Justice prend les commandes du ministère de la Défense.
Elle souligne que les soldats de la Bundeswehr méritent d’être traités avec reconnaissance et respect et a expressément inclus les réservistes dans son propos dans le cadre de l’assistance administrative pour lutter contre la pandémie de Corona ainsi que le soutien apporté lors de la catastrophe naturelle dans la vallée de l’Ahr.
Cette reconnaissance ne doit pas seulement se traduire par des mots, mais aussi par des actes, notamment en ce qui concerne l’acquisition d’un équipement adéquat, a ajouté Mme Lambrecht.

Le nouveau ministère de la Construction et du Logement sera lui dirigé par Klara Geywitz, 45 ans.
Préssentie pour de nombreux postes, elle est de l’avis des observateurs allemands, l’une des inconnues les plus connues du cabinet Scholz.

Néanmoins, Klara Geywitz a déjà joué de nombreux rôles en tant que politicienne du SPD, bien que son nom ne parle qu’aux personnes intéressées par la politique.
Membre du Landtag de Brandebourg de 2004 à 2019, elle a notamment siégé à la commission du budget de 2009 à 2014.
De 2008 à 2013, Mme Geywitz a été vice-présidente du SPD du Brandebourg, sous la direction de son président Matthias Platzeck, avant de devenir de 2013 à 2017, secrétaire générale du parti, cette fois sous la direction du président Dietmar Woidke.

Lors d’une convention nationale du SPD en 2019, Geywitz a ensuite été élue comme l’un des cinq adjoints des coprésidents du parti. Depuis 2020, Geywitz travaille pour la Cour des comptes du Brandebourg.


Svenja Schulze, 53 ans jusqu’à présent ministre de l’Environnement devient ministre de la Coopération économique et du Développement.
Cette femme de 53 ans originaire de Münster en Rhénanie-du-Nord-Westphalie fait partie des ministres qui ont le plus d’expérience gouvernementale. Pendant sept ans, Mme Schulze a été ministre de l’Innovation, des Sciences et de la Technologie sous la ministre-présidente Hannelore Kraft. C’est à cette époque qu’elle a notamment supprimé les frais de scolarité en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Depuis mars 2018, Schulze occupe le poste de ministre fédérale de l’Environnement. Durant cette période, elle a mis en place des avancées significatives en matière de politique climatique, notamment la décision d’abandonner la production d’électricité à partir de charbon, malgré l’opposition considérable de son partenaire de coalition actuel, la CDU/CSU.
En tant que ministre de l’Environnement, elle s’est jusqu’à présent concentrée sur la transformation de l’Allemagne due au changement climatique. Désormais, c’est la solidarité internationale et le niveau global dont elle sera responsable à l’avenir.

Le fait que le contrat de coalition récemment présenté par le SPD, les Verts et le FDP mette davantage l’accent sur la protection du climat dans la coopération au développement va dans ce sens. Les partenariats pour le climat et le développement doivent permettre de promouvoir le transfert de connaissances et de technologies, le développement des énergies renouvelables avec une création de valeur autonome et des possibilités d’utilisation locales, des infrastructures durables et d’autres mesures de protection du climat et d’adaptation dans les pays partenaires.

Le ministère de l’Education échoit à Bettina Stark-Watzinger, 53 ans. Outre ses missions en commission, Mme Stark-Watzinger fait partie depuis 2018 du groupe d’amitié parlementaire allemand pour les relations avec les États d’Asie du Sud. Depuis 2019, elle est membre de la délégation allemande à l’Assemblée parlementaire franco-allemande.

En 2021, Stark-Watzinger a été élue présidente du FDP en Hesse.

Bettina Stark-Watzinger (FDP), estime que les fermetures d’écoles pour cause de coronavirus ne sont pas appropriées à l’heure actuelle.
« Elles ne doivent pas être la première chose, mais la dernière », a-t-elle déclaré lundi dans l’émission « Frühstart » de RTL/N-TV. « Il faut d’abord faire tout le reste avant d’envisager une telle mesure ».
En ce qui concerne la nouvelle variante du virus, Omikron, elle a certes souligné qu’on ne pouvait pas encore prévoir son évolution. Mais « à l’heure actuelle », il n’est pas opportun de fermer les écoles. Il existe un « consensus entre tous les partis » pour dire que « ce n’est pas la bonne voie ».

La ministre de l’Education a également refusé d’avancer les vacances de Noël, comme l’a par exemple demandé récemment le chef du groupe parlementaire de l’Union, Ralph Brinkhaus (CDU) : « Nous pouvons éviter que de telles mesures doivent justement être prises en utilisant des masques, des règles d’hygiène, une vaccination conséquente et surtout des boosters dans les écoles ».


Anne Spiegel, 40 ans, est nommée ministre de la Famille. Ministre-présidente adjointe et ministre de la protection du climat, de l’environnement, de la mobilité, de l’énergie et des forêts au sein du gouvernement du Land de Rhénanie-Palatinat depuis 2021, elle a été ministre de la Famille, des Femmes, de la Jeunesse, de l’Intégration et de la Protection des consommateurs dans le deuxième cabinet de la ministre-présidente Malu Dreyer de 2016 à 2021. Elle a été une éminente dirigeante de la jeunesse en Allemagne dans les années 2000.

Secrétaire d’État à la lutte contre la discrimination et à la protection des consommateurs au sein de l’administration de la justice du Sénat de Berlin depuis 2016, après avoir été secrétaire d’État au ministère de la famille de Rhénanie-Palatinat. De 2004 à 2011, elle a été cheffe d’unité pour les questions fondamentales de la politique d’intégration auprès de la déléguée à l’intégration de la Chancellerie fédérale.

Anne Spiegel souhaite mettre l’accent sur l’égalité et la lutte contre les discriminations dans son travail de ministre. Elle a déclaré au SPIEGEL qu’elle voulait veiller à ce que toutes les lois et mesures soient soumises à « un contrôle d’égalité ».

En Rhénanie-Palatinat, Spiegel a été ministre de la Famille et de l’Intégration de 2016 à 2021, et depuis mai 2021, elle est ministre de l’Environnement du Land. Elle a mené une politique libérale en matière de réfugiés en Rhénanie-Palatinat, et a par exemple bloqué la classification des pays du Maghreb comme pays d’origine sûrs au Bundesrat.


Quant au minsitère de l’Environnement, il est confié à Steffi Lemke, 53 ans.
Ingénieure agronome de formation, cette femme a été l’une des fondatrices du parti des Verts en RDA en 1989. En 1994, elle est entrée au Bundestag, et après son départ en 2002, elle a été pendant de nombreuses années la directrice fédérale de son parti. Depuis 2013, elle siège à nouveau au Parlement à Berlin.

« C’est l’une des protectrices de la nature les plus profilées du parti que nous ayons. Steffi Lemke est un très bon choix », a déclaré le chef des Verts du Land Sebastian Striegel

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