NAJLA BOUDEN ROMDHANE NOMMÉE CHEFFE DU NOUVEAU GOUVERNEMENT TUNISIEN

La nomination mercredi 29 septembre par le président de la République tunisienne, Kaïs Saïed, de Madame Najla Bouden Romdhane, 63 ans, en qualité de Première ministre constitue un véritable événement.

Il s’agit bel et bien d’une première dans l’histoire de ce pays et de la région.

Qualifiée de bûcheuse, intègre et méthodique, cette scientifique professeure de géologie à l’école nationale d’ingénieurs de Tunis (Enit), occupait depuis 2016, le poste de cheffe de l’unité de gestion par objectifs pour l’exécution du projet de la réforme de l’enseignement supérieur au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.
Spécialisée dans le secteur stratégique du pétrole, elle a également travaillé avec la Banque mondiale pour une mission sur l’employabilité des jeunes en Tunisie, dont 30% sont au chômage.

Décrite comme une Kairouanaise au caractère bien trempé, le choix de cette femme par le président tunisien conduit certains médias de ce pays à poser notamment deux questions : s’agit-il de la perle rare ?
Kaïs Saïed souhaite-t-il faire de la femme son réservoir électoral ?
De quoi soulever une question récurrente : quels seront les réels pouvoirs de la première ministre tunisienne ?

Surtout lorsqu’on sait que cette nomination intervient 67 jours après que le président a pris la décision inédite de suspendre le Parlement, de limoger le gouvernement précédent et de prendre le contrôle exclusif d’un pays en proie à une impasse politique et à des difficultés économiques.

La semaine précédente, le président a suspendu une grande partie de la constitution et a déclaré qu’il gouvernerait par décret, une décision qui a déclenché d’importantes manifestations le week-end dernier.
Le décret fait également du chef du gouvernement un assistant du président, plutôt qu’un contrôleur de ce dernier. Tout le pouvoir exécutif reste donc entre les mains de M. Kaïs Saïed.

La désignation d’une femme à la tête du nouveau futur gouvernement par un président conservateur, notamment opposé à l’égalité homme-femme, traduit-elle une volonté de gagner du temps et d’acquérir une certaine légitimité auprès des pays occidentaux ?

Toujours est-il que Najla Bouden Romdhane a tenu à préciser dans un tweet : “Aujourd’hui, j’ai eu l’honneur d’être chargée par le président de la République de former le nouveau gouvernement tunisien dans les plus brefs délais. Notre mission principale sera de lutter contre la corruption.”

Mais bien d’autres dossiers brûlants l’attendent, qu’il s’agisse de la crise sanitaire qui n’a donné lieu à aucune aide financière à ceux qui ont perdu leur travail en raison des fermetures de nombreux commerces et entreprises, comme des mesures à prendre pour redresser la Tunisie sur le plan économique et social.

Quoi qu’il en soit, il semble évident qu’il faudra laisser du temps au temps – sans doute quelques mois- pour en savoir plus sur les véritables pouvoirs de Mme Bouden dans la gouvernance de la Tunisie.

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