TENNIS : NAOMI OSAKA MÉRITE RESPECT

Ce qui s’est produit lundi à Roland-Garros, illustre la pression qu’ont à subir les têtes d’affiche en marge des épreuves liées à leurs exploits sportifs.
Et force est de constater que le tennis ne fait pas exception.

Condamnée à une amende et menacée d’expulsion pour avoir refusé de participer à des conférences de presse en invoquant des problèmes de santé mentale, le retrait définitif de la japonaise Naomi Osaka championne de l’US Open et de l’Open d’Australie des Internationaux de France, qui faisait figure de favorite du tournoi, a pu surprendre.

Si face à cette décision, certains observateurs et journalistes ont été critiques, d’autres se sont montrés compréhensifs.
De manière quasi unanime ses ami(e)s à l’instar de Serena Williams, Martina Navratilova, mais aussi Naomi Campbell, Jameela Jamil, Chelsea Handler ou encore Jordin Sparks, ou encore la parlementaire démocrate Alexandria Ocasio-Cortez lui ont confirmée sans ambages leur plein soutien.

Cet évènement traduit un dévoiement qui se manifeste en coulisses des compétitions sportives.
Car lors de ces fameuses conférences de presse, les jeunes athlètes sont soumis aux questions les plus intimes dans un environnement cynique et souvent prédateur.

En parcourant la presse française et étrangère, Women e Life a plus particulièrement apprécié ce que le journaliste Jonathan Liew a le mieux su expliquer dans The Guardian, concernant ce qu’il faut retenir.

La conférence de presse moderne se transforme souvent en un jeu cynique qui consiste le plus souvent à extrapoler le plus de contenu possible du sujet.
Potins: bien. Colère: bien. Les querelles: bien. Larmes: bon. Tragédie personnelle: bien.

Pendant ce temps, le jeune athlète, souvent encore pris dans les émotions de la victoire ou de la défaite, est censé répondre aux questions les plus intimes devant un panel d’étrangers soutenu par un sponsor.

Cette ambiance délétère est exacerbée dans le tennis féminin, dans un espace largement réservé aux hommes blancs, avec buffet gourmand.

Voilà le genre de questions prisées pour faire de l’audience :
«J’ai remarqué que vous aviez tweeté une photo. Pourriez-vous être considéré comme un sex-symbol, étant donné que vous êtes très beau ?  » (Génie Bouchard, Wimbledon 2013.)
Ou encore celle posée à Maria Sharapova, 17 ans, à Wimbledon en 2004 : «Vous êtes une pin-up maintenant, surtout en Angleterre. Est-ce bon? Aimez-vous ça? (.)

Bien sûr, il y a beaucoup de journalistes honnêtes et curieux qui font des choses décentes et intéressantes.
Mais trop souvent la recherche du cliché ou du propos choc s’avère destructeur.
On comprend donc que les meilleurs athlètes du monde préfèrent parfois quitter un tournoi du Grand Chelem plutôt que de devoir parler à la presse.

Comme le fait fort justement remarquer Jonathan Liew, journaliste pour The Guardian, concernant le refus de Naomi Osaka de participer à une conférence de presse :  » Plutôt que de scruter ce que cela dit d’elle, il vaut peut-être la peine de demander ce que cela dit de nous. »

Un propos intelligent et bien envoyé qui fait honneur au journalisme en sport comme dans bien d’autres domaines.

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