AUNG SAN SUU KYI : LA DAME DE RANGOUN

Voilà une femme d’État birmane dont vous entendez beaucoup parler ces derniers temps.

Renversée par un coup d’État militaire, sa détention depuis lundi,chez elle, selon son avocat, a provoqué un soulèvement populaire qui a conduit ouvriers, étudiants, mais aussi des moines en robe safran, avocats, et infirmières à manifester en agitant des drapeaux rouges aux couleurs de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND).

Il n’est pas inutile de rappeler que la Birmanie a vécu sous le joug des militaires pendant près de cinquante ans depuis son indépendance, en 1948.
D’où le rejet par de nombreux Birmans du coup d’État qui tend à mettre fin au gouvernement démocratique en place depuis cinq ans.

Figure de l’opposition non violente à la dictature militaire, lauréate du prix Nobel de la paix en 1991, et cheffe du gouvernement depuis 2016, certaines déclarations de Aung San Suu Kyi, ont néanmoins également suscité des critiques de la part de la communauté internationale. En cause, sa passivité dans les violences contre les Rohingya – ethnie musulmane dans un pays majoritairement bouddhiste.

Autrice de nombreux ouvrages comme « Se libérer de la peur »,paru en 1991, ou encore :« Le défi de la peur » en 1996, Aung San Suu Kyi née à Rangoon, est aujourd’hui âgée de 74 ans.

Fille du partisan de l’indépendance birmane Aung San, assassiné alors qu’elle avait deux ans, son parcours politique a été ponctué d’évènements.

Tout d’abord en 1988, lorsque qu’elle co-fonde et devient secrétaire générale de la Ligue nationale pour la démocratie(LND), un parti politique opposé à la junte militaire au pouvoir.

Ensuite en 1990, lorsque le gouvernement militaire a annulé les élections législatives, remportées par la LND, ce qui a valu à Aung San Suu Kyi d’être placée en résidence surveillée avant d’être libérée en 2010, grâce à un important soutien international.

Alors que des d’importantes manifestations ont eu lieu à Naypyidaw, la capitale, comme dans de nombreuses autres villes du pays, comment peut évoluer la situation ?

En dehors du blocage de certains réseaux sociaux, force est de constater qu’à Naypyidaw, la capitale, les forces de l’ordre ont fait usage de canons à eau contre des manifestants et que des actes de violence ont été observés.

Les actions de l’armée ont été largement condamnées par la communauté internationale.
Le Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) a demandé la libération de Aung San Suu Kyi ainsi que celle des autres détenus et le retour de la démocratie.

Les Etats-Unis et l’Union européenne ont menacé le régime de sanctions. Les pays du G7 ont exhorté les généraux à restaurer le pouvoir au gouvernement démocratiquement élu et à libérer tous ceux qui sont injustement détenus. Cependant, la Russie et la Chine ne partagent visiblement pas cette option.

Aujourd’hui, un appel à manifester à partir de 10 heures (4 h 30 heure à Paris) a été lancé.

Appel à la révolution dans tout le pays contre la dictature, mais aussi appel à la grève générale des fonctionnaires et salariés du privé auxquels il est demandé de rejoindre le mouvement, témoignent d’un climat de tension qui se répand comme une tache d’huile dans ce pays.

La libération de Aung San Suu Kyi apparaît donc comme la condition sine qua non d’un retour au calme en Birmanie.

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