MERIBHAN ALIYEV PEUT-ELLE INCARNER L’AVENIR DE L’AZERBAÏDJAN ?

Les violents affrontements entre Arméniens et Azerbaïdjanais dans la région du Haut-Karabakh dont vous avez entendu parler, conduisent Women e Life à porter un certain regard sur la Première vice-présidente de la République d’Azerbaïdjan, et plus généralement sur la situation des femmes dans ce pays laïc du Caucase situé aux confins de l’Europe et de l’Asie.

Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan

Nommée en 2011 par son mari Ilham Aliev, Président de l’Azerbaïdjan depuis le 31 octobre 2003, Mehriban Aliyeva ne peut que susciter la curiosité d’un webmagazine féminin indépendant ouvert sur le monde.
Le 20 novembre dernier, sa déclaration reprise ci-dessous in extenso laisse en effet entrevoir une fin des hostilités qui ont eu lieu dans le Haut-Karabakh, un territoire grand comme un département français qui est en réalité un Etat non reconnu par la communauté internationale et fait de longue date l’objet des convoitises de Bakou et d’Erevan.

«Chers compatriotes, Je vous félicite sincèrement pour la libération du district d’Aghdam de l’occupation et je présente mes meilleurs vœux à chacun de vous! Que la paix, la stabilité, la tranquillité et la sécurité règnent toujours en Azerbaïdjan! Que chaque maison de notre pays soit remplie de lumière, de gentillesse et de bonheur! Que Dieu tout-puissant protège notre peuple, notre patrie et notre président! Le Karabakh, c’est l’Azerbaïdjan! »

Le cessez-le-feu acté le 10 novembre visant à mettre fin aux combats s’est il est vrai traduit le 20 novembre, par la reprise par l’Azerbaïdjan du district d’Agdam conformément aux termes de l’accord.
Le fait que la Turquie soutienne l’Azerbaïdjan, son allié de toujours, alors que l’Arménie est soutenue par la Russie, ne fait guère mystère. Mais les hostilités entre ces deux Etats ne manquent pas d’inquiéter l’Union européenne et les Nations unies, qui craignent que l’escalade des tensions ne débouchent sur un conflit régional. Toutefois, tel n’est pas le sujet de cette chronique qui se gardera d’émettre une opinion.

Qui est donc Merhiban Alvieva ?

Issue de la puissante famille Pashayev, à la tête d’un vaste empire financier, cette femme ophtalmologue de formation, a été nommée en 2004 ambassadrice de bonne volonté de l’Unesco.
Députée depuis 2005 du parti au pouvoir Yeni Azerbaïdjan, elle dirige l’influente Fondation Heydar Aliev – du nom de son beau-père et ancien président du pays -, à qui l’on doit la construction d’écoles, d’hôpitaux et de centres pour la jeunesse.

Pourquoi s’intéresser à cette femme en particulier ?

Avant tout parce que Mehriban Alieva, 52 ans, pourrait un jour succéder à son mari qui n’a que 58 ans.

Libéré du joug soviétique en 1991, l’Azerbaïdjan a entamé depuis une vingtaine d’années un véritable processus de modernisation, tendant à adopter les valeurs du Conseil de l’Europe dont il est membre, qu’il s’agisse entre autres du respect des droits de la personne, d’égalité, de tolérance et de diversité.

Il est intéressant de souligner que le suffrage universel a été introduit en 1918 par la République démocratique d’Azerbaïdjan, qui est ainsi devenue le premier pays à majorité musulmane à accorder le droit de vote aux femmes. En France, ce n’est qu’à l’occasion des élections de 1945 que les femmes ont obtenu pour la première fois ce droit.

Jeunesse azerbaïdjanaise

Il est également important de préciser que l’Azerbaïdjan est un pays jeune où près d’un tiers de sa population a entre 15 et 29 ans (29,3%) contre moins de 18 % en France. 49% d`eux sont des hommes, 51% sont les femmes.

Parmi les mesures prises par le gouvernement, un programme d’État spécial a été mis en place en 2007 pour la création d’un Conseil national de soutien aux organisations non gouvernementales dans certaines sphères de la société, y compris celle concernant les femmes et la question du genre.

Bien que la condition féminine se heurte toujours à des difficultés en Azerbaïdjan, des avancées notable ont pu être enregistrées sur le plan politique.

À la médiation nationale, une femme a été nommée par le parlement en 2002. En Azerbaïdjan, si les femmes juges n’étaient que 11% en 2005 , la proportion atteignant déjà 14 % selon des données datant de 2011. Cette féminisation à des postes clés qu’on retrouve au niveau du parlement est encourageante puisqu’une femme représente, au cabinet des ministres, le comité d’État pour la famille créé en 2006 pour renforcer la prise en charge des femmes et des enfants.

De plus, d’après une étude de l’OSCE, le pourcentage de femmes élues aux conseils municipaux est passé de 4 % à 26,5 % entre 2004 et 2009.
Il n’en demeure pas moins vrai que les Azerbaïdjanaises se heurtent à davantage de difficultés que les hommes pour s’imposer dans le monde du travail. Les positions décisionnelles ne sont qu’exceptionnellement laissées aux femmes qui n’en occupent que 5% dans le secteur privé et 22% dans le secteur public.

Par ailleurs, seules 67% des femmes travaillent contre rémunération contre 77% des hommes, sachant que le salaire moyen d’une femme correspond à 44% de celui d’un homme.

Dans la société azerbaïdjanaise, le rôle des femmes est encore strictement cantonné à celui de l’épouse et de mère, leur utilité sociale étant circonscrite à la cellule familiale. Un schéma social très fortement ancré dans les esprits, quelles que soient les couches sociales.

Mais les progrès notables en matière d’éducation, d’accès aux études supérieures offrent aujourd’hui aux femmes la possibilité de poursuivre leur révolution en matière de droits.

On comprend ainsi l’influence que peut avoir Meribhan Aliyev Prémière vice présidente de la République AzerbaÏdjanaise, symbole puissant de la tradition azerbaïdjanaise qui prône l’égalité hommes femmes depuis sa constitution de 1918.

Très populaire au niveau national et international, cette femme incarne raison de son expérience et son engagement social, politique et culturel, une garantie de stabilité et de continuité pour le pays, en renforçant son attractivité auprès des investisseurs étrangers.Surtout à l’heure où l’expansion économique et l’ouverture du pays sur le monde constituent des axes majeurs de développement.

Malgré la persistance de traditions patriarcales, Meribhan Aliyev Première vice-présidente azerbaïdjanaise incarne une politique qui va dans le sens du progrès et de l’adoption de standards occidentaux porteurs d’espoirs pour l’avenir de son pays.

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