FACE AUX DISCRIMINATIONS SALARIALES DES FEMMES D’AFFAIRES BRITANNIQUES LANCENT #MeTooPay

C’est par un tweet envoyé par Maître Zoé Royaux, une jeune avocate au Barreau de Paris, spécialisée en Droit du dommage corporel et Droit pénal, membre de Femmes et Droit qui agit bénévolement pour la Fondation des Femmes, faisant état de la campagne #MeTooPay que Women e Life a cherché à en savoir plus.

Deux ans après le mouvement #MeToo qui a permis de dénoncer le harcèlement sexuel et la discrimination dont sont victimes des femmes, la campagne #MeTooPay s’attache pour sa part à dénoncer le caractère injustifié des écarts de salaires à travail égal entre hommes et femmes.

Face à cette situation, Moya Greene, ancienne directrice de la Royal Mail, a rassemblé plus de 100 femmes d’affaires britanniques qui ont lancé la semaine dernière une campagne visant à mettre un terme à la discrimination salariale.

Moya Greene

Ce mouvement trouve l’une de ses racines dans la bataille juridique menée par Stacey Macken, une ex-employée de BNP Paribas à Londres qui a gagné le mois dernier un procès en discrimination contre la banque française.

Pour faire valoir ce que de droit, elle a dénoncé devant la justice que son salaire se trouve être inférieur de 25% à celui d’un collègue masculin et son bonus de première année inférieur de moitié au sien, malgré des appréciations similaires sur leurs performances.

Car en dépit d’améliorations observées dans l’ensemble du Royaume-Uni, le regroupement des femmes d’affaires britanniques qui comprend notamment Emma Walmsley, patronne du géant pharmaceutique GSK, Carolyn McCall du groupe de télévision ITV, Minouche Shafik, directrice de la London School of Economics, ou encore Lady Dido Harding, ancienne patronne de TalkTalk, a dû se rendre à l’évidence :
“Les discriminations salariales sont plus répandues que nous l’avions pensé”

Le Bureau national des statistiques britannique (ONS) a beau expliquer que l’écart salarial entre hommes et femmes était quasi nul en 2018 dans l’ensemble du Royaume-Uni jusqu’à 40 ans mais qu’il augmentait de façon spectaculaire après 40 ans, et d’autant plus que le poste est hautement qualifié. L’écart salarial est maximal pour les dirigeants des services financiers (31%), dépassé seulement par les dirigeants de compagnies minières et énergétiques (49%). En outre, l’écart salarial entre hommes et femmes à Londres “a à peine changé depuis deux décennies”, alors qu’il s’est considérablement réduit dans l’ensemble du Royaume-Uni, toujours selon l’ONS.

Voilà pourquoi ces femmes d’affaires à l’origine de #MeTooPay qui ont joué un rôle de direction dans certaines des plus importantes entreprises britanniques, s’insurgent contre une discrimination salariale qui ne peut perdurer. Elles déclarent tout de go “nous sommes frustrées de lire encore des informations sur des femmes qui ne reçoivent pas le salaire qu’elles méritent. Les femmes ne devraient pas toucher moins pour exactement le même travail”

Selon Lady Dido Harding, les patrons sont souvent aveuglés par des préjugés inconscients et peuvent finir par accorder une augmentation de salaire aux hommes qui se sentent suffisamment en confiance pour en demander une, sans pour autant pouvoir augmenter le salaire d’une jeune femme talentueuse dans le même rôle qui espère être reconnue pour la qualité de son travail.

Consciente du problème, elle affirme : «Nous devons compenser cela», mais aussi précise que les femmes doivent également être mieux formées à la négociation.

D’où la création d’un site Web destiné à servir de «pôle d’action», qui permet de se tenir informé des dernières nouvelles en matière de discrimination salariale, d’avoir connaissance d’affaires jugées par les tribunaux et d’obtenir des conseils d’experts en rémunération et en négociation.

Il n’y a rien d’étonnant à ce que les femmes de la City particulièrement concernées aient choisi de dégainer leur hashtag #MeTooPay qui pourrait bien traverser la Manche.

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