MAIS QUI EST DONC CARRIE LAM ?

Le 2 août dernier, Women e Life avait marqué le tempo hongkongais en vous invitant à écouter Denise Ho, une militante également chanteuse qui s’est fait connaître à la suite de son interpellation lors de manifestations en 2014.

Surnommée HOCC, elle est d’ailleurs intervenue le 8 juillet devant le Conseil des droits de l’homme des Nations unies, à Genève concernant la crise qui secoue depuis plusieurs mois cette région administrative spéciale (RAS).

Mais cette chronique n’a pas pour but de revenir sur celle intitulée « Denise HO fait entendre sa voix depuis Hong Kong » qu’il vous est toujours possible de retrouver sur votre webmagazine féminin ouvert sur le monde.
Car aujourd’hui la vedette n’est autre que Carrie Lam élue fin mars 2017 cheffe de l’exécutif de la Région administrative spéciale de Hong Kong qui a fort à faire.

Cette femme politique chinoise hongkongaise âgée de 62 ans, est la première femme à avoir été désignée à cette haute fonction. Elle fait un peu figure de « dame de fer » sur un territoire qui compte 7 millions d’habitants.

Confrontée à des manifestations et grèves qui ont pris une ampleur sans précédent et ont été émaillées de violences, Carrie Lam était bien consciente des risques liés à une aggravation de la situation, l’armée chinoise ayant déployé son armée à la frontière pour intervenir en cas de débordements.

Après plus de dix semaines de contestation, Carrie Lam a donc voulu reprendre la main dans la crise politique sans précédent qu’elle a déclenché à Hong Kong.
La cheffe de l’exécutif a donc annoncé mercredi le « retrait » définitif de son projet de loi d’extradition judiciaire vers la Chine, offrant ainsi une première concession aux manifestants pro-démocratie. Elle a fait cette annonce vêtue d’un tailleur bleu marine lors d’une intervention télévisée.

En répondant à la demande prioritaire des manifestants, Lam espère revenir dans le jeu politique, et surtout désamorcer la crise, alors que sa marge de manœuvre est amoindrie.
Car Mme Lam est prise en tenaille entre les manifestants pro-démocratie et le pouvoir central.

Pour rétablir la concorde, Lam promet de multiplier les consultations avec la population. Elle annonce l’établissement d’une « étude indépendante » pour établir les causes profondes de la crise.

Toutefois, la dirigeante a refusé de céder aux quatre autres exigences des opposants, à savoir l’établissement d’une commission d’enquête sur les violences policières, une amnistie pour les trouble fêtes arrêtés, la fin du label « d’émeutes » attribué aux manifestations , et surtout l’élection du chef exécutif au suffrage universel, ligne rouge de Pékin.

Une amnistie est « inacceptable » a martelé la dirigeante, qui avait confessé vouloir démissionner, lors d’une rencontre à huit clos avec la communauté d’affaires, la semaine dernière.

Il est important de souligner que la bureaucrate nommée par Pékin avait jusqu’ici seulement concédé la « suspension » du texte controversé, le 15 juin dernier, galvanisant l’opposition durant l’été, marqué par des violences sans précédent depuis la rétrocession de l’ancienne colonie britannique à la Chine, en 1997.

Bien que les première réactions à chaud en ligne laissent poindre la déception de l’opinion, les prochains jours diront si la contre offensive de Lam a permis d’enrayer l’escalade. D’autant que le 1er octobre, est une date sensible pour le régime communiste qui fêtera en grande pompe ses soixante dix ans d’existence.

Dans le cadre de son plan d’action Mme Lam a également nommé l’ancienne directrice de l’éducation, Helen Yu Lai Ching-ping, et l’avocat Paul Lam Ting-kwok, au Conseil indépendant d’examen des plaintes concernant la police. Ils examineront les pratiques de la police en réponse à la manifestation depuis juin.

En outre, Lam a déclaré qu’elle se rendrait ainsi que d’autres hauts responsables du gouvernement dans les communautés afin d’inviter les dirigeants de la communauté au dialogue avec le gouvernement.

Toujours est-il que les annonces de Carrie Lam ont eu un effet boost sur les places financières. Les actions ont enregistré une remontée mercredi, à Hong Kong, l’indice Hang Seng gagnant plus de 995 points, soit 3,9% à la fermeture des marchés. Après l’annonce du plan de Lam dans l’après-midi, le Hang Seng gagnait plus de 650 points.

Médaillée de l’Étoile dorée de Bauhinia ainsi que de la Médaille de Grand Bauhinia en 2016, Carrie Lam s’était vue remettre le 10 septembre 2015 la médaille d’officier de la Légion d’honneur des mains de Arnaud Barthélemy, consul général de France à Hong Kong. Ce dernier avait alors salué ses « exceptionnelles qualités de négociatrice »

Reste à savoir si la décision jugée trop tardive de retirer formellement le projet de loi sur l’extradition respectée et soutenue par Pekin, sera en mesure de répondre aux attentes des Hongkongais et rétablir le calme.

De Hong Kong qui est aussi une extraordinaire vitrine fashion, Women e Life aura sans nul doute l’occasion de vous reparler.

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