GOLDEN WOMEN ET ATOMES CROCHUS EN CHINE

Avant de partir en Chine pour découvrir Miss  Xu Jingfan, une jeune opératrice de réacteur au cœur de la centrale nucléaire de Haiyang, dans la province du Shandong, quelques précisions méritent d’être apportées concernant les actions menées en France pour promouvoir les parcours et les projets des femmes de l’énergie.

En 2015, Muriel Hautemulle, DRH de la Division Production Nucléaire d’EDF, affirmait : « il y a de plus en plus de femmes dans le nucléaire ».
Il est vrai que sur les 23 000 salariés « nucléaires » de l’électricien, la part des femmes était en effet passée de 13 % à 17 % en 5 ans, une tendance qui tend à se confirmer.

Alors qu’en France, le Prix Fem’Energia vise à encourager cette mixité en valorisant les parcours de femmes qui s’orientent vers des domaines scientifiques ou techniques, en Chine les femmes qui se sentent des atomes crochus avec les cerveaux de centrales nucléaires, se voient décerner le titre de « Golden Women ».
Mais pour parvenir à un tel niveau de responsabilité dans l’Empire du Milieu, comme dans tous les pays dotés de centrales nucléaires, beaucoup de temps, d’efforts, de  compétences sont indispensables.

Tout d’abord parce qu’en Chine, la formation d’ opérateur nucléaire peut coûter des millions de yuans, autrement dit plus que celle d’un pilote d’avion.

Par ailleurs, pour devenir un « homme en or » ou une « femme en or », il faut avoir entre 5 et 10 ans d’expérience professionnelle, suivre des centaines de cours, passer une quantité innombrable de tests.
Il faut également réussir plusieurs examens de qualification organisés sous l’égide de l’autorité nationale de sûreté nucléaire.

Une fois les compétences reconnues, les personnes d’exception appelées à remplir ces délicates missions, doivent repasser des examens de qualification tous les deux ans.

De plus, les hommes et femmes qui prétendent exercer cette activité doivent être en mesure de faire face à de très fortes pressions psychologiques dans leur vie quotidienne, compte tenu des immenses responsabilités qu’entraine la sécurité du fonctionnement d’un réacteur nucléaire.

Actuellement, on dénombre au total 46 unités de réacteurs nucléaires en fonctionnement sur le continent chinois, dont la capacité totale de production d’électricité installée est de 45 GW.

En raison de la nature particulière du travail d’opérateur nucléaire et des exigences induites, les femmes amenées à exercer ce type de mission sont extrêmement rares.

A la centrale nucléaire de Haiyang, dans la province du Shandong, dans l’est de la Chine, seuls cinq des 140 premiers opérateurs certifiés sont des femmes. Elles sont appelées les « Cinq fleurs dorées ».

Chacune a dû faire face à de multiples épreuves pour devenir opératrice.

Toujours est –il que Xu Jingfan, 37 ans, aujourd’hui maman de deux enfants est l’une de ces « fleurs dorées ».

Née dans le petit village de Baoding, dans la province du Hebei, dans le nord de la Chine, son père était enseignant et sa mère, femme au foyer.

Après avoir obtenu son diplôme de la North China Electric Power University de Baoding en 2005, Xu se rend à Haiyang, une petite ville côtière du Shandong, où elle commençe à travailler pour la Shandong Nuclear Power Company Ltd.

Plus tard, Xu se rend dans différentes régions de la Chine pour y suivre une formation, notamment à Shanghai, dans la province du Zhejiang et dans la province du Sichuan, dans le sud-ouest de la Chine. Elle sera également amenée à visiter des centrales nucléaires aux États-Unis.

De 2007 à 2010, Xu reçoit une formation pour ses qualifications d’opératrice à la centrale nucléaire de Qinshan dans la province du Zhejiang, dans l’est de la Chine. La première unité d’énergie nucléaire chinoise, Qinshan 1, ayant été intégrée au réseau national en 1991.

C’est à Qinshan que Xu pris la décision de devenir opératrice nucléaire. À Qinshan, avec de nombreux collègues partageant le même rêve, Xu a travaillé dur jour et nuit.
En mars 2009, elle allait facilement passer l’examen de qualification pour devenir opératrice à l’unité 1 de Qinshan.

Ensuite, Xu est retournée dans l’entreprise d’Haiyang où elle avait débuté son parcours, pour se voir confier la responsabilité de la formation et du retour d’expérience.
Mais elle n’a jamais abandonné son rêve de faire fonctionner le réacteur de la centrale nucléaire de Haiyang.

Jusqu’au jour où une merveilleuse nouvelle lui a été annoncée. Elle allait en effet avoir prochainement un deuxième enfant.
Du coup, Xu a craint que ses 10 années d’efforts pour se préparer aux tests professionnels se trouvent réduites à néant.
Mais fort heureusement son mari Miao Weidong, également employé exceptionnel de la centrale nucléaire l’a soutenu pour passer ses derniers examens d’opératrice nucléaire, avec l’accord des médecins.
Xu a ainsi donné naissance à une petite fille qu’elle considère comme sa bonne étoile.

Après avoir eu le bébé, Xu se sentait selon ses propres termes « comme une grand-mère de 90 ans ». Cependant, elle devait toujours continuer à passer ses examens professionnels et parvint finalement à être qualifiée pour devenir opératrice principale.

Aujourd’hui , Xu et Miao sont les parents de deux enfants. Xu confie qu’elle leur racontera le périple qu’elle a partagé avec eux, et qu’elle les aidera à se battre pour qu’aboutissent leurs rêves, quelles que soient les difficultés auxquelles ils auront éventuellement à faire face .

Cette belle histoire fait honneur à cette jeune femme chinoise qui a su mener à bien plusieurs challenges en même temps.

Aussi, n’allez pas vous inquiéter en apprenant aujourd’hui que la croissance économique de la Chine a ralenti à 6,2% en rythme annuel au deuxième trimestre, au plus bas depuis au moins 27 ans. La Chine a de l’énergie à revendre et des hommes et femmes prêts à relever bien des défis. ( chronique  du 13 mai 2019 )

La Nouvelle Route de la Soie, oeuvre titanesque en cours de réalisation, que rien n’arrêtera, modifiera vraisemblablement sous peu la nature des échanges commerciaux entre les cinq continents.
Nul doute que les pas de ce géant de 1,386 milliard d’habitants ont de quoi retenir l’attention.

Alain Pierrefitte doit se retourner dans sa tombe en constatant que son message envoyé en 1973, sous la forme d’un essai « Quand la Chine s’éveillera…le monde tremblera « n’a pas été véritablement  pris au sérieux.

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